A l’occasion de la journée de le Femme Entrepreneure (7 octobre), Ofices – Observatoire Français de l’Industrie, du Commerce Et des Services – publie le Panorama des Femmes Entrepreneures. Cette étude n’est pas exclusive au BTP.
Depuis 2012, 3,4 millions d’entreprises ont été créées en France dont 34 % par des femmes, une proportion relativement stable, avec un plus haut en 2016 à 36 %.
En 2021, 76 % des femmes entrepreneures ont choisi l’entreprise individuelle, comme forme juridique, qu’elle soit artisanale, commerçante ou libérale vs 24 % pour la société de capital, qu’elle soit SARL, SA, SAS…
Au global, Ofices enregistre une baisse des immatriculations des sociétés de capital, en 2020 et en 2021, femmes et hommes confondus. Quant au boom des entreprises individuelles depuis 2017, il s’explique par un glissement de l’emploi salarié vers les activités exercées en indépendant.
Si le Top 3 des secteurs privilégiés par les entrepreneures reste identique depuis 2019, les cartes ont été rebattues pour la suite du classement. Le commerce dont la coiffure, les soins de beauté, la vente de vêtements… pâtit encore du contexte sanitaire. A contrario, l’hébergement et restauration retrouve des couleurs après une année 2020 contrastée. L’information et communication gagne deux points, et les arts, spectacles et activités récréatives cinq points. En termes de volumes, les autres activités de services sont en tête avec 16 297 structures créées au 31 août 2021. Quant à la « tech au féminin », via la programmation informatique, le conseil en systèmes et logiciels… elle progresse avec 1 629 entités créées en 2021 sur huit mois (vs 1 650 en 2020 douze mois).
Les DROM (département et région d’Outre-Mer), la Corse, la Bretagne, la Nouvelle Aquitaine, la Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie et le Grand-Est sont les régions les plus représentées en matière de créations d’activités. Peu d’évolution dans le Top 6 par rapport à 2020, à l’exception de l’entrée du Grand-Est à la place des Pays de Loire. Concernant le dynamisme des DROM et de la Corse, il sera à valider sur la fin de l’année. En volume, la région Ile-de-France continue de concentrer le plus grand nombre d’entreprises créées par des femmes, mais très nettement en-deçà des autres régions, en termes de proportion.
En 2021, parmi les 25 villes de plus de 100 000 habitants les plus dynamiques dans l’entrepreneuriat féminin, ¾ d’entre elles font partie du Top 100 des villes où il fait bon vivre. Villeurbanne, Grenoble, Reims et Saint-Denis font partie du Top 200. L’équilibre vie professionnelle et vie personnelle étant un des enjeux de la création d’entreprise au féminin, les chiffres valident la corrélation entre lieu de vie et dynamisme entrepreneurial. En cumulant les deux classements, le Top 5 des villes où il fait bon vivre et entreprendre sont Angers, Bordeaux, Strasbourg, Nice et Rennes.
Les femmes créent leur activité à 49 ans et 1 mois (moyenne 2012-2021) vs 47 ans et 5 mois pour les hommes, soit un écart de près d’1 an et 8 mois, entre les deux sexes. En 2021, l’âge moyen des entrepreneures est de 46 ans et 1 mois vs 44 ans et 1 mois pour les hommes.
Notons également que depuis dix ans, l’âge moyen des entrepreneures diminue régulièrement (- 7 ans) illustrant un rajeunissement de la population. Ce dernier s’explique par l’arrivée de nouvelles générations de femmes qui se lancent plus rapidement dans l’entrepreneuriat, par un meilleur accompagnement (réseaux, associations, incubateurs…) et par l’envie de créer l’emploi qui leur correspond vraiment.
En 2021, les femmes entreprennent plus tardivement que les hommes : 60 % après 44 ans vs 53 % pour ces messieurs, et moins précocement également : 9 % avant 34 ans vs 15 %. Dans la tranche d’âge 35-44 ans, l’écart est minime, ce qui traduit une vraie dynamique générationnelle et féminine.
L’entrepreneuriat féminin étant très corrélé à l’âge (49 ans en moyenne sur dix ans et 46 ans en 2021), les prénoms des cheffes d’entreprises sont ceux de leur génération. Ainsi, parmi les dix prénoms les plus portés par les entrepreneures en 2021, il y a : Marie, Julie, Céline, Stéphanie, Nathalie, Sophie, Aurélie… mais également Camille, Elodie et Laura, nouvelles générations plus trentenaires et quarantenaires, qui font leur entrée dans le Top 10. Exit Isabelle, Anne et Sandrine, que l’on retrouve un peu plus bas dans le classement.
Ce sont les femmes Balance qui entreprennent le plus, suivies des femmes Gémeaux et Poissons. Viennent ensuite les Cancer puis les Lion et Taureau ex aequo. Pour les hommes, le Top 6 est : Bélier, Verseau, Cancer, Gémeaux, Scorpion et Lion.
En moyenne, au 31 août 2021, sur la base des entreprises créées en 2019, 2020 et 2021, les femmes règlent leurs factures plus vite que les hommes : 44 % de retard vs 47 %.
Sur la base des mêmes entreprises créées en 2019, 2020 et 2021, et à la même date (31 août 2021), les scores de solvabilité des sociétés créées par des femmes et par des hommes montrent que les premières sont plus nombreuses dans la « zone verte » (+ 6 points) et moins dans la « zone orange ». Côté « zone rouge » c’est l’égalité parfaite… Pour les sociétés de capital, les femmes sont encore meilleures élèves que les hommes avec moins d’entreprises dans la zone rouge (- 3 points) et plus dans la verte (+ 2 points).
Les clients des entreprises créées par des femmes sont majoritairement d’autres professionnels ou entreprises. Le BtoB et le BtoBtoC représentent 57 % de ces entreprises, devant le BtoC (43 %).
Pour 77 % des entrepreneures interrogées, leur entreprise actuelle est une première expérience. Pour les 23 % restantes, 79 % avaient déjà créé une entité, 16 % deux et 5 % trois.
47 % des entrepreneures sondées estiment que l’accès au financement est plus compliqué pour elles que pour leurs homologues masculins.
L’indépendance financière est le socle de l’entrepreneuriat féminin : 57 % des entrepreneures se sont lancées grâce à leur épargne ou à la vente d’une précédente société. Et elles ne sont que 7 % à avoir bénéficié d’une aide publique. Quant au love money, aux prêts bancaires, aux levées de fonds… ils représentent 29 % des financements obtenus.
Être autonome, le goût d’entreprendre, donner du sens à sa vie, équilibrer vie privée et professionnelle constituent le Top 4 des raisons pour entreprendre au féminin, sachant que le besoin d’indépendance est loin devant avec 25 % des suffrages exprimés.
La peur de l’échec financier et de la perte de revenus concerne 42 % des créatrices d’entreprises. Suivent la crainte de l’inconnu et de ne pas être à la hauteur (22 %). Ils traduisent un manque de connaissance financière, de confiance en soi et de soutien (financier et professionnel), qui pourraient être corrigés par un meilleur accompagnement des femmes sur la voie de l’entrepreneuriat via des réseaux dédiés. A noter que si les femmes doutent, c’est moins de leur crédibilité (4 %) et de leurs compétences professionnelles (3 %).
L’inconnu, l’incertitude et l’insécurité à travers l’administratif, le développement, le statut sans filet de l’entrepreneure et l’absence de visibilité sur les perspectives de l’entreprise constituent le Top 4 des difficultés quotidiennes. L’organisation pour équilibrer vie professionnelle et personnelle est cinquième.
40 % seulement des entrepreneures interrogées jugent la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) comme un enjeu de demain. Ce chiffre monte à 47 % pour les sociétés de capital vs 36 % pour les entreprises individuelles, ce qui traduit une priorité nouvelle à communiquer, faire connaître.
42 % des femmes qui ont répondu à ce sondage appartiennent à un réseau professionnel. Cette statistique s’élève même à 53 % dans les sociétés de capital.
Dans une large majorité, les cheffes d’entreprise vont maintenir ou augmenter leurs effectifs et leurs investissements, à six mois. Côté activité, 56 % d’entre elles prévoient une hausse de leur CA vs 35 % un maintien et seulement 9 % une baisse. Si les femmes sont généralement prudentes, les six prochains moins s’annoncent meilleurs.