La rencontre du mois
Spécialiste de la restauration des ouvrages anciens en bois, Thierry Mesnil est un touche-à-tout. En l’absence de formation de restaurateur dans l’artisanat du bâtiment, cet amoureux du bois va jusqu’à reproduire des outils pour sauver ou refaire des menuiseries à l’identique.
Option Bois restaure tous les bois anciens, les meubles d’églises ou de châteaux ainsi que les mobiliers des particuliers. L’entreprise est capable de tout réparer, de la fenêtre (quelles que soient ses dimensions) aux portails monumentaux… y compris les serrures.
Un profil touche-à-tout
Thierry Mesnil n’est pas adepte du remplacement des menuiseries qui peuvent ne pas correspondre à la façade d’un bâti ancien. « Pour convaincre un client, j’accompagne toujours mon devis d’un dessin » précise l’artisan. Thierry Mesnil dispose d’une culture très développée des menuiseries anciennes.
« Mes connaissances me sont très utiles pour sensibiliser mes clients chez qui je découvre des menuiseries anciennes et rares. Je leur dis qu’une fois les bois et les serrures rénovés, leurs menuiseries repartiront pour cent ans, voire davantage… » argumente-t-il tout en déclarant humblement : « Je suis le sauveur de ces menuiseries anciennes dont personne ne prête attention. »
La menuiserie fait partie du monument. Sur chaque pièce de bois ou de métal, j’opère un travail de mémoire
Le profil de Thierry Mesnil est atypique, explique son épouse, Sandrine, « Il est touche-à-tout, car il n’existe pas de formation de restaurateur dans l’artisanat du bâtiment, ce qui est un véritable casse-tête lorsque nous cherchons à recruter. Notre choix se porte alors sur des profils touche-à-tout comme celui de mon mari. »
DPE : des trésors à la poubelle
Le savoir-faire de l’entreprise est tellement reconnu, qu’Option Bois est référencée dans la liste des menuiseries proposées par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles).
« Les services de la Drac m’appellent le Docteur House de la menuiserie »
Thierry Mesnil nous explique que « s’agissant des déperditions énergétiques, la Drac accompagne les maîtres d’ouvrage dans les options de restauration et/ou de remplacement lorsqu’il y a un intérêt pour cette seconde option. Il n’existe pas de contraintes particulières sur les économies d’énergie pour les monuments classés et inscrits, sauf à la demande du client. Et c’est là que j’entre en jeu », ponctue Thierry Mesnil en poursuivant : « Le problème du DPE c’est qu’il envoie des trésors à la poubelle. Lorsque je parviens à raisonner un client, je vis cela comme une petite victoire », se réjouit l’artisan.
Un travail d’éducation
Thierry Mesnil donne le temps nécessaire à ses clients pour prendre la décision de la restauration sur la base des croquis qu’il réalise afin qu’il puisse mieux se projeter sur le résultat final. « Si un client me demande quelque chose de trop différent du bâti, j’entreprends alors un travail d’éducation en m’appuyant sur ma culture, mon fonds documentaire et sur les résultats de certaines de mes restaurations achevées en relation avec le projet du client », raconte-t-il. Mais avant de réaliser ses devis, selon l’intérêt de l’ouvrage, l’artisan effectue des recherches sur l’histoire des menuiseries à restaurer. S’il y a remplacement, le menuisier reproduit alors le plus fidèlement possible les menuiseries neuves en bois sur la base des ouvrages existants. Il va même jusqu’à refaire les outils nécessaires pour restaurer une menuiserie à l’identique. « Je dispose d’une machine qui me permet de créer des outils en dupliquant les moulures originales » nous confie ce passionné.
Thomas Peixoto