La Capeb, la CNATP, et le pôle d’innovation Iris-ST ont dévoilé ce 15 mai le quatrième baromètre Arti Santé BTP, enquête nationale de référence sur les conditions de travail et la santé des artisans du BTP. Mené auprès de 2 222 artisans du BTP, il confirme les tendances inquiétantes mises en évidence par les éditions 2015 et 2016. L’année 2017 est ainsi notamment marquée par une nouvelle détérioration de l’état de santé des artisans du BTP qui sont 39 % à se déclarer en mauvaise santé, contre 29 % en 2016.
Pourtant, les chefs d’entreprise artisanale n’ont jamais été aussi optimistes : 50 % se disent confiants vis-à-vis de l’avenir de leur activité (contre 30 % en 2016) et ils sont 60 % à avoir observé une progression de leur activité en 2017. De plus, ils se sentent de moins en moins isolés : 35 % affirment se sentir isolés, une baisse de 5 points par rapport à l’année précédente. Malgré cela, leur état de santé marque le pas.
Parmi les multiples conséquences de cette dégradation de leur état de santé, les chefs d’entreprise artisanale du BTP sont 68 % à déclarer souffrir de douleurs musculaires. Cependant, ces dernières sont en constante baisse (- 10 % depuis 2015), ce qui montre que les artisans adaptent de plus en plus leur manière de travailler afin de limiter les contraintes physiques. A cela s’ajoutent la fatigue – 52 % des artisans souffrent de fatigue importante (50 % en 2016) – et les troubles émotionnels : 24 % éprouvent de la nervosité, de l’irritabilité et des angoisses (23 % en 2016).
Un rythme de travail toujours très soutenu
L’année 2017 marque une nouvelle intensification des rythmes de travail hebdomadaire des dirigeants : 63 % des artisans travaillent plus de 50 heures par semaine, dont 24 % plus de 60 heures.
On constate qu’un écart se creuse dès lors que les entreprises ont plus de cinq salariés : les dirigeants de six à dix salariés, de onze à quinze et de seize à vingt salariés sont respectivement 36 %, 41 % et 52 % à travailler plus de 60 heures par semaine, contre 19 % pour les dirigeants travaillant seuls. Cependant, ils arrivent plus facilement à s’octroyer des congés de plus longue durée que les dirigeants n’ayant pas de salariés ou d’un à cinq salariés. Point positif malgré ce rythme de travail très soutenu, 47 % des artisans exercent une activité extraprofessionnelle.
Un niveau de stress élevé
Les artisans du BTP souffrent également de stress au travail : 58 % déclarent qu’ils sont souvent, voire très souvent stressés. En cause, le poids des démarches administratives, la charge de travail, les contraintes de délais et le manque de repos. Ce stress, qui impacte la qualité de sommeil des artisans, les expose à un risque accru d’épuisement professionnel. Ils sont ainsi 37 % à déclarer avoir subi ou frôlé un burn-out.
Le suivi médical fait défaut
Le suivi médical des artisans du bâtiment reste quasi inexistant : seuls 13 % des artisans sont suivis médicalement pour leur activité professionnelle. De plus, 51 % d’entre d’eux consultent leur médecin généraliste à de très rares occasions, voire jamais. Ce phénomène est nettement plus marqué chez les jeunes (moins de 31 ans), qui sont seulement 25 % à consulter leur médecin. La principale raison invoquée est le manque de temps (27 % des répondants), mais ils sont aussi nombreux à ne pas en ressentir le besoin (13 %). Ce constat inquiétant montre qu’un travail de sensibilisation doit être effectué auprès des artisans pour les inciter à être davantage dans la prévention. Consulter régulièrement peut permettre, en effet, de détecter et de prendre en charge efficacement d’éventuelles pathologies.
Dans ce sens, la Capeb a conclu un partenariat avec Garance qui apporte une assistance téléphonique aux artisans (conseils et informations dans les domaines de la vie courante en matière de santé) et propose aussi différents services en cas de coups durs. De même, Iris-ST a publié un mémo intitulé Artisans et stress au travail à destination des chefs d’entreprise.
A ce propos, Patrick Liébus, président de la Capeb, précise : « Nous défendons le principe d’un suivi médical régulier, annuel et pris en charge pour les chefs d’entreprise artisanale du bâtiment. Puisque le RSI est entré dans le régime général de sécurité sociale, la question doit être sérieusement étudiée. Les résultats inquiétants de ce baromètre doivent servir de base pour initier des actions en conséquence. »