C’est une situation inédite et paradoxale qu’a connue la tenue les Rencontres des Métiers du Bâtiment byCapeb, le salon annuel de la Capeb qui vient de se tenir à Bordeaux les 26 et 27 juin. Alors que l’édition n’a jamais été aussi florissante avec une participation record de plus de 4 000 visiteurs, elle ne s’est jamais autant déroulée dans un tel climat d’incertitude politique avec la dissolution de l’Assemblée nationale et d’instabilité économique pour les entreprises artisanales.

Arrêtez tout ! En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, le président de la République a tué le match pour la Capeb qui depuis quelque temps avait matière à se tresser des lauriers pour faire entendre la voix des TPE et prendre en considération la force économique et sociétale que représentent les entreprises artisanales du bâtiment.

L’incertitude politique provoquée par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et les conséquences économiques de l’instabilité créée par la tenue de législatives anticipées et d’une nouvelle donne probable au Parlement à l’issue du scrutin du 7 juillet prochain, ne sont pas engageantes pour que les TPE puissent mordre le bleu d’un ciel économique déjà fort chahuté ces derniers mois.

« L’arrêt des travaux législatifs se traduit par un moment de doute, de stupéfaction et d’activité au ralenti pour le secteur du bâtiment au moins jusqu’à l’été. Nous espérions des arbitrages du Gouvernement sur MaPrimeRenov’ notamment, levier le plus rapide pour sauver 2024, mais d’évidence, je ne vois pas comment l’année ne sera pas en net recul d’activité », prévient Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb qui annonce une publication de la note de conjoncture du premier semestre d’ici quelques jours.

Une situation paradoxale alors que l’édition des Rencontres des Métiers du Bâtiment (ex Journées professionnelles de la construction), le salon annuel de la Capeb qui vient de fermer ses portes à Bordeaux les 26 et 27 juin, n’a jamais été aussi florissante avec une participation record de plus de 4000 visiteurs et tandis qu’à l’ouverture plus de 1100 badges visiteurs étaient déjà enregistrés.

Remettre l’ouvrage sur le métier

L’actualité politique rebat sérieusement les cartes pour le président de la Capeb qui entrevoit déjà de devoir reprendre son bâton de pèlerin, selon ses termes. « En tant qu’organisation professionnelle, la période est compliquée. Nous avions obtenu des avancées majeures, des aménagements sur MaPrimeRénov’, la limitation du nombre de rangs de sous-traitance, nous allions entrer en phase de négociations sur des revendications telles que la simplification du dispositif RGE ou encore la place de la TPE dans l’activité du bâtiment – et là, dans un contexte économique déjà peu favorable, tout s’arrête » se désole-t-il.

« Notre manifeste exprime la nécessité de remettre la TPE au cœur du débat, au cœur de la société et de l’économie. Il faut que la TPE soit considérée dans le débat politique et public»

À l’attention des candidats aux élections législatives, la Capeb a réuni dans un Manifeste en huit points les revendications qu’elle juge prioritaires. « Nous y exprimons la nécessité de remettre la TPE au cœur du débat, au cœur de la société et de l’économie. Il faut que la TPE soit considérée dans le débat politique et public». S’il ne donne pas de consigne de vote, Jean-Christophe Repon enjoint les artisans à « prendre de la hauteur » et d’examiner attentivement les programmes « en responsabilité ».

D.Pa.