Pour sa 35e édition, l’Observatoire Cetelem a présenté une étude sur l’évolution du comportement des consommateurs européens. Ces derniers veulent faire bouger les lignes, tant au niveau individuel que collectif. C’est la fin de la consommation insouciante et l’ère de la consommation activiste. Explications.
L’heure de la consommation massive, insouciante et souriante qui a pris son essor durant les Trente Glorieuses est-elle révolue ? Réduire le gaspillage, privilégier le durable, limiter le plastique, gérer ses déchets : les consommateurs semblent plus que jamais engagés et deviennent même activistes pour faire changer les choses, selon l’Observatoire Cetelem qui a présenté une étude sur l’évolution du comportement des consommateurs européens. La prise de conscience environnementale des Européens ne cesse de progresser, remettant en cause les fondements de notre société de consommation. Un état de fait que les artisans du bâtiment ne semblent pas toujours percevoir ou considérer si l’on en croit un autre baromètre, BatiObs 2020, réalisé par Brands at Work et Cohésium. Celui-ci s’est intéressé à leur engagement vis-à-vis du développement durable. Résultat : près des deux tiers des artisans sondés ont boudé l’étude… Le fossé se creuse entre ces professionnels majoritairement rétifs et les consommateurs dont l’Observatoire Cetelem 2020 dresse le portrait. En effet, il y a dix ans, l’Observatoire Cetelem de la consommation mettait en lumière le désir des Européens de consommer mieux… mais pas moins. En une décennie, les choses ont bien évolué et le désir de consommation de l’époque des Trente glorieuses a du plomb dans l’aile. La prise de conscience écologiste est passée par là. Aujourd’hui le « consommer mieux » reste plus que jamais d’actualité, mais les Européens se dirigent de manière assez nette vers le « consommer moins ». Cette déconsommation, d’ailleurs constatée dans plusieurs secteurs, pourrait sonner le glas d’une période de consommation massive, insouciante et souriante ayant pris son essor durant les Trente Glorieuses, et dont l’âge d’or semble révolu. Aujourd’hui, 42 % des Européens (et 44 % des Français) disent consommer moins qu’il y a trois ans et 32 % envisagent de le faire moins à l’avenir. La raison est loin d’être seulement financière. Moins acheter apparaît de plus en plus comme un moyen de lutter contre une dérive de la société consommation décrite surtout de manière négative.
S’engager pour faire bouger les choses
Si les Européens sont 87% à se considérer dans une certaine mesure comme responsables de la situation, plus d’un tiers d’entre eux (35%) estiment que le vrai changement sera imposé par les consommateurs dans leur ensemble. 68% ont par ailleurs le sentiment qu’en matière de consommation responsable, leurs comportements sont dictés par le reste de la société qui les contraint à modifier leurs habitudes.
Les Européens sont prêts à s’engager pour faire bouger les choses : réduire le gaspillage,
moins jeter, réparer (87%), privilégier les appareils électroménagers durables (86%), limiter leur consommation d’eau, électricité, carburant (85%), limiter les objets et emballages plastiques (84%), privilégier les produits bio, locaux et de saison (84%), recueillent les suffrages de plus de 4 individus interrogés sur 5. Le localisme poursuit par ailleurs son irrésistible ascension : 48% des Européens déclarent en consommer plus qu’il y a trois ans, et ils sont 43% à juger qu’encourager l’achat de produits fabriqués localement est tout à fait prioritaire, contre 39% l’an passé.
Certains se disent aussi prêts à opter pour des solutions plus radicales, comme utiliser les transports doux ou alternatifs (75%), voyager moins loin et moins souvent (58%), réduire ou supprimer leur consommation de viande (56%) ou encore utiliser moins Internet (35%). Enfin, parmi les 14 200 personnes interrogées dans le cadre de l’Observatoire Cetelem de la Consommation 2020, plus de la moitié — 46% — se disent prêts à renoncer à avoir des enfants ! Une preuve irréfutable que le consommateur activiste s’apprête à prendre le pouvoir.