La Fédération nationale de la décoration (FND) dresse un constat préoccupant sur l’évolution du marché du négoce en décoration. Dans un contexte économique structurellement défavorable au bâtiment, une complexité réglementaire défavorable et un consommateur déboussolé par l’actualité, le secteur fait face à des défis majeurs.
DécoData, l’outil de mesure du marché développé par la Fédération nationale de la décoration (FND), a publié en janvier dernier son rapport annuel 2024. Le fait majeur concerne le recul inédit de l’activité de 3,8 %. Il représente une perte de périmètre de 100 millions d’euros pour les acteurs du négoce décoration. « Il y a mécaniquement entre 300 à 500 emplois directs détruits, commente Philippe Poujol, président de la FND. C’est d’autant plus inquiétant que la tendance annonce encore des temps difficiles », rajoute-t-il.
Un cadre réglementaire plus contraignant
À ce repli se sont ajoutées de nouvelles normes et réglementations à différents niveaux de la filière dont le négoce décoration est un pivot essentiel. Ces contraintes, dont la valeur ajoutée reste incertaine, génèrent une inflation des charges. Dans un marché en pleine mutation obligeant les acteurs à repenser leur approche, le négoce décoration subit une pression croissante.
Des segments de marché sous différentes contraintes
Les résultats de DécoData mettent en évidence plusieurs tendances :

- Peinture: baisse de 3,7 % en lien avec la réduction des surfaces traitées. Historiquement résistant, ce segment s’inscrit dans la moyenne du repli du marché.
- Isolation thermique par l’extérieur (ITE): seul segment en croissance soutenu par le retour aux monogestes de MaPrimeRénov’ (+0,5 %). 2024 a été une année chaotique du point de vue des messages sur le dispositif d’aide, avec de surcroît une météo capricieuse.
- Revêtements de sol et muraux: forte baisse (-5,8 %), touchée par le manque de visibilité et le recul des investissements en rénovation. L’effet Jeux olympiques sur le marché francilien est resté limité et temporaire.
- Équipements et consommables: tendance à la baisse (-3,5 % et -2,7 % respectivement), bien que certains segments, comme les E.P.I. et la protection de chantier, aient mieux résisté.
Un nouveau modèle
Les fondamentaux du secteur ont basculé en 2024. « Les professionnels de la finition font désormais face à un recul quantitatif tant dans l’entretien que dans le neuf. Tandis que les acteurs du métier poursuivent leur indispensable adaptation, les modèles économiques sont, eux aussi, remis en question », souligne Philippe Poujol.
La décoration reste un secteur essentiel
Selon divers sondages et enquêtes, les Français serrent le porte-monnaie face aux incertitudes, tout en accordant une importance centrale au cadre de vie. C’est sur cet attachement que Philippe Poujol insiste pour souligner le rôle de la finition professionnelle du bâti, particulièrement lorsque les temps sont durs. Elle couvre aujourd’hui un vaste champ d’interventions : améliorer, entretenir ou embellir permettent de transformer l’espace en profondeur sans pour autant modifier fondamentalement la structure. C’est précisément parce que de petits ajustements peuvent générer un impact significatif que la finition professionnelle conserve toute sa pertinence. « La distribution professionnelle joue un rôle clé et offre un accompagnement de confiance tant pour les pros que pour les particuliers. Car oui, en 2025, plus que jamais, la décoration restera essentielle », conclut Philippe Poujol.