Après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, la Capeb locale mobilise les artisans du bâtiment pour reconstruire le territoire malgré les nombreux obstacles auxquels les petites entreprises doivent faire face.
Depuis le 14 décembre et le déferlement du cyclone Chido sur Mayotte, l’île française se relève péniblement. Déjà en difficulté avant la tempête, sur un territoire dont 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté*, Mayotte, qui a été détruite à 90%, doit à présent relever le défi de sa reconstruction, à laquelle les artisans locaux comptent bien s’associer. « On dénombre 5 600 petites entreprises du bâtiment à la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) », informe Naima Moustadirani, directrice de la Capeb Mayotte. Seulement, malgré les combats remportés par la confédération, notamment avec l’obligation de réserver 30% des marchés publics aux acteurs locaux (voir ci-dessous), les artisans ne s’en sortent pas pour l’instant. « Le fond du problème est de permettre aux artisans locaux d’accéder aux marchés publics, et de ne pas les défavoriser au détriment des grosses entreprises », rappelle la dirigeante de la Capeb.
Des difficultés pour s’assurer
Seulement, même si des marchés seront réservés aux entreprises artisanales, nombre d’entre-elles rencontrent tout de même des difficultés liées à des problématiques économiques et administratives locales. « Cela commence par les assurances, explique Naima Moustadirani. Peu d’entreprises artisanales ont accès à la décennale en raison de son prix prohibitif (entre 8000 et 10 000 euros), qui ne peut pas être amorti par leur activité. » De fait, ce qui est naturel pour une entreprise artisanale du bâtiment métropolitaine ne l’est plus à Mayotte, et notamment dans la manière de s’approvisionner. En effet, les artisans ne peuvent s’approvisionner pour la plupart qu’à la Réunion, « or il serait parfois moins couteux et plus rapide de s’approvisionner à Madagascar ou l’île Maurice, et nous pourrions avoir des matériaux plus adaptés au climat de l’île », rappelle Naima Moustadirani.
« Les artisans ne demandent qu’à travailler »
Toutes ces difficultés viennent s’ajouter à une mauvaise santé financière des petites entreprises sur l’île. La dirigeante de la Capeb estime que sur « les cinquante artisans que j’ai reçu depuis le passage de la tempête, seulement deux ont de la trésorerie ». Or, les artisans mahorais n’ont pas de travail selon Naima Moustadirani, alors que « les communes ne font pas nécessairement appel à eux pour certains travaux ou chantiers de nettoyage ». Ce sont pourtant les artisans qui sont garants du savoir-faire local. Selon elle, « ce sont nos entreprises qui ont les compétences, la main-d’œuvre, pour reconstruire et remettre en état les bâtiments de l’île », ajoute Naima Moustadirani.
Face à ce constat, la dirigeante de la Capeb veut tout de même voir les aspects positifs : « Nous sommes là pour aider les artisans à terre à se relever. Nous ne sommes pas là pour leur trouver du travail, mais pour veiller sur eux et les informer sur les évolutions du secteur. » Finalement, Naima Moustadirani rappelle : « Les artisans ne demandent qu’à travailler, et à reconstruire le pays. »
Les amendements et les revendications de la Capeb
La Capeb nationale, en lien avec la Capeb Mayotte, a porté des amendements dans le projet de loi d’urgence pour Mayotte, et réitèrent certaines revendications :
Amendements obtenus par la Capeb dans le projet de loi d’urgence Mayotte
- Réserver 30% du volume des appels à projet aux petites entreprises mahoraises
- Ne pas supprimer l’allotissement des marchés publics, afin de permettre leur accès aux petites entreprises
Revendications
- Lever les restrictions d’approvisionnement (les artisans ne peuvent s’approvisionner qu’à la Réunion) et permettre aux artisans de s’approvisionner à Madagascar ou à l’île Maurice.
- Améliorer la communication auprès des artisans, notamment sur les démarches administratives nécessaires à une petite entreprise du bâtiment
*Source : Insee