Suite à la première édition des « Rencontres du Matériel Durable » organisée par Kiloutou en mai dernier, Carbone 4 a réalisé une étude sur les enjeux économiques et technologiques de la transformation environnementale du secteur qui révèle l’impact positif en termes d’émission de CO2 des motorisations alternatives (électrique, bioGNV, hydrogène vert) pour plusieurs matériels de chantier.
Cette étude a porté sur une pelleteuse 2.4t et une chargeuse compacte articulée sur roues 800L à motorisation électrique, fonctionnant à l’hydrogène vert ou au bioGNC. Elle souligne que l’introduction de ces nouvelles motorisations pourrait réduire les émissions de CO 2 jusqu’à 50 % sur l’ensemble du cycle de vie du matériel par rapport à un matériel diesel traditionnel. L’étude précise que les biodiesels de première génération sont généralement plus émissifs que le diesel traditionnel, une tendance qui pourrait s’inverser avec les biodiesels de deuxième génération.
D’un point de vue économique, le coût total de détention (TCO) d’une pelleteuse et d’une chargeuse diesel traditionnelles est aujourd’hui de 30 à 50 % inférieur à celui d’un matériel alternatif (électrique réseau, groupe électrogène ou powerbank, bioGNC). Cela s’explique principalement par des coûts de production plus importants que pour les matériels diesel traditionnels. Cet écart devrait se réduire dans les prochaines années, via la baisse des coûts de production des batteries.
Conscient de la nécessité de mener des actions à très court terme, les participants ont souligné que l’écoconduite doit être promue pour réduire l’empreinte carbone du secteur. Ainsi, les écoles de formation à l’écoconduite soulignent des gains de l’ordre de 15 à 30 % sur la consommation de carburant en appliquant ces comportements plus vertueux.
Une méthode de calcul
A l’occasion de cette deuxième édition des Rencontres du Matériel Durable, Carbone 4 a également esquissé une méthode de calcul permettant d’harmoniser la comptabilité carbone du secteur. Cette démarche a pour objectif de mesurer l’impact carbone de chaque matériel et ainsi permettre aux donneurs d’ordre d’estimer les émissions liées à chaque chantier mais également d’identifier et sélectionner les matériels les plus vertueux lors des phases d’appels d’offres. Il reviendra à un groupe de travail d’en définir les modalités concrètes en vue d’une validation ultérieure de l’Ademe.
L’événement a permis aux participants d’échanger avec Sandrine Gourlet et John Tanguy, respectivement directrice exécutive chargée des relations extérieures et directeur de la stratégie de la Société du Grand Paris (SGP) sur leurs attentes en matière environnementale. Ces discussions ont souligné que la filière serait également dépendante de la régulation et des incitations que les pouvoirs publics pourraient mettre en place dans les prochaines années. Un groupe de travail dédié à l’élaboration de propositions institutionnelles va également être mis en place.
Olivier Colleau, président de Kiloutou, souligne : « Les travaux de Carbone 4 confirment que la transformation environnementale de notre secteur va avoir des impacts économiques pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Plus que jamais, ces Rencontres permettent d’anticiper les choix technologiques et vont contribuer à fiabiliser nos objectifs de réduction d’empreinte carbone à l’échelle du secteur. Avec l’appui des fédérations professionnelles, nous souhaitons désormais finaliser l’harmonisation de la comptabilité carbone pour le matériel de construction et faire des propositions aux acteurs institutionnels pour accélérer la transformation environnementale de la filière. »
Les prochaines Rencontres du Matériel Durable se tiendront le 29 juin 2022.