Si l’urbanisation est un phénomène bien connu, on sait moins que ce sont surtout les zones périurbaines qui en Europe enregistrent la plus forte croissance, supérieure de 54 % à celle des villes entre 1961 et les années 2010.
L’habitat pavillonnaire reste un idéal pour de nombreux Européens, qui recherchent hors des villes un immobilier meilleur marché, de l’espace et une qualité de vie. Cet habitat en maison individuelle représente 62 % du parc résidentiel de ces zones intermédiaires.
Or, une bonne partie de ce parc est devenue vétuste, voire insalubre. La part de logements construits avant 1945 est de 22,69 % dans l’Union européenne, la part de logements construits entre 1945 et 1979 s’élève à 42,17 %. Au total, les trois quarts des bâtiments européens ont un piètre bilan énergétique : le parc immobilier représente à lui seul 40 % de la consommation d’énergie en Europe et plus du tiers de ses émissions de CO2.
« L’étude publiée cette année montre qu’il y a une bataille importante à mener dans les périphéries pour assainir le parc immobilier. Nous devons tous nous mobiliser sur la question de l’habitat pour pouvoir tenir les engagements pris en 2016 dans l’accord de Paris sur le climat. L’effort ne peut pas être unilatéral : politiques, professionnels et particuliers ont tous un rôle à jouer. Depuis la première parution de ce rapport en 2015, l’ambition du Baromètre Velux de l’habitat sain a été de nouer des partenariats avec des acteurs reconnus du monde de la recherche, pour agréger les connaissances et les données préalables à une prise de décision éclairée à tous les niveaux », a précisé David Briggs, PDG du Groupe Velux.
L’ancienneté du parc de logements génère des problèmes de santé
Les logements les plus accessibles en Europe restent majoritairement ceux construits avant 1979. Or, l’ancienneté du parc de logements ainsi que son faible taux de rénovation (1 à 2 % par an) génèrent des problèmes de santé liés a quatre facteurs principaux : l’humidité, le manque de luminosité, l’excès de chaleur en été et le manque de chauffage en hiver dans les habitations individuelles. En conséquence, la probabilité que leurs occupants contractent des problèmes de santé est sensiblement plus grande. Les personnes vivant dans des logements insuffisamment chauffés ou humides sont ainsi deux fois plus nombreuses à se déclarer en mauvaise santé.
Le manque d’isolation des logements en hiver, en particulier pour les logements individuels davantage exposés aux conditions extérieures que l’habitat collectif, apparait être une problématique majeure.
La lumière est également une caractéristique du logement ayant un impact important sur la santé : en moyenne dans l’UE, la probabilité de signaler un problème de santé est 1,6 fois plus élevée en logement individuel souffrant d’un manque de lumière.
La rénovation : un investissement judicieux pour la collectivité
Les recherches conduites dans le cadre du Baromètre de l’habitat sain 2018 montrent qu’en matière d’insalubrité, c’est l’habitat lui-même qui est cause de maladie et non la situation économique de l’occupant. La rénovation est la clé d’améliorations majeures sur le plan sanitaire, économique, énergétique et écologique. D’où la nécessité de diffuser ce savoir auprès des propriétaires, des acteurs professionnels et des décideurs publics, pour éclairer leurs décisions et leur permettre de définir des politiques efficaces qui encouragent la nécessaire rénovation d’un parc immobilier vétuste, pour le bien-être individuel et collectif.
On situe autour de 295 milliards d’euros le montant qu’il faudrait débourser pour mettre aux normes le parc de logements en Europe ; un chiffre à mettre en perspective avec les 194 milliards d’euros qui, selon les estimations, sont dépensés chaque année par les pays de l’UE pour soigner les conséquences du mal-logement.