Au lendemain de son assemblée générale, le 11 avril, la Capeb a lancé son congrès par une intervention de Jérôme Fourquet, directeur à l’Ifop, consacrée aux aspirations des Français en matière de logement et aux grandes tendances sociétales qui influencent le secteur du bâtiment.

 

On pourrait dire qu’en mettant face à face Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’institut d’études Ifop, et Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, l’intention était de « remettre l’église au milieu du village » pour ouvrir la série de tables rondes de son congrès qui s’est déroulé le 11 avril.

Et cette « église », ce sont les Français eux-mêmes. Dans l’étude qu’il a menée sur leur perception du logement, Jérôme Fourquet est formel : « Les chiffres ne correspondent pas à ce que demandent les Français en matière de logement. »

L’expert s’est donc attelé à égrener les différences entre les espoirs des pouvoirs publics et les réalités. « On nous parle de plus en plus de l’usage de la propriété par exemple. Seulement, 88 % des Français veulent être propriétaires, 83 % des moins de 25 ans », a rappelé d’emblée Jérôme Fourquet. La France ne compte pourtant que 57 % de propriétaires…

Une maison avec jardin

Finalement, l’expert décrit une France dont les spécificités peuvent être accueillies « comme une bonne nouvelle pour la profession ». Ainsi, « n’en déplaise au discours officiel, le choix majoritaire des Français se porte sur la maison », pour 88 % d’entre eux. Et Jean-Christophe Repon n’a pas pu s’empêcher de rajouter avec un sourire : « Et pas une maison neuve ! » Malheureusement pour le Président, c’est bien la maison neuve qui a une petite longueur d’avance sur la maison ancienne, plébiscitée par 54 % des Français. Il est tout de même intéressant de noter que la configuration du logement est importante pour les personnes interrogées. Ainsi, une habitation agréable doit comporter un jardin pour 44 % des personnes interrogées, une bonne isolation thermique et sonore pour 37 %, un environnement immédiat agréable pour 34 % et enfin pour 29 %, le logement doit être en bon état.

Plus de décès que de naissances 

« On voit comment les crises accentuent des tendances préexistantes », a observé Jérôme Fourquet. On voit ainsi l’explosion du nombre de familles monoparentales, soit une famille sur quatre aujourd’hui contre 8,2 % en 1975. « Les changements sociétaux influent sur les changements de l’habitat », a rappelé le sondeur. La tendance à vouloir vieillir chez soi (90 %) est aussi forte, alors que la France enregistre pour la première fois plus de décès que de naissances, ce qui pose la question d’une adaptation croissante des logements, dont la salle de bains est, pour 73 % des Français, la priorité. Face à tout ça, « le zéro artificialisation nette (ZAN) ne tiendra pas, la pression démographique est trop importante », prévient Jérôme Fourquet.

Face à toutes ces mutations de l’habitat, il faut bien des personnes pour les mettre en œuvre. Sur ce point, et en guise de conclusion, Jérôme Fourquet a une bonne nouvelle pour les professionnels : « 25 % des séniors citent en premier les artisans pour adapter leur logement, puis leur entourage pour 24 %. »