Le nombre de défaillances des entreprises artisanales du bâtiment connaît un effet de rattrapage en 2024. Un sombre bilan qui pourrait encore s’alourdir en 2025, selon BPCE L’Observatoire, société à l’origine d’une étude parue sur la question.
Le bâtiment traverse une période difficile, comme le confirme la dernière étude de BPCE L’Observatoire publiée le 8 janvier sur les défaillances d’entreprises en 2024. Au quatrième trimestre, près de 17 966 défaillances ont été enregistrées, un niveau inédit pour cette période depuis 2009. Sur l’ensemble de l’année, la France dénombre 66 422 entreprises en faillite, soit une hausse de 17 % par rapport à 2023 et de 28 % par rapport à 2019*. Ce chiffre établit un nouveau record, dépassant même les niveaux observés entre 2010 et 2015, une période marquée par les répercussions de la crise de 2008.
Des entreprises artisanales en première ligne
En 2024, les petites entreprises du bâtiment subissent de plein fouet la hausse des défaillances, bien plus marquée que pour les PME et ETI. Dans le secteur de la construction*, les défaillances des PME-ETI augmentent de 33 % par rapport à 2019, atteignant 1 066 unités. Pour les entreprises de 3 à 9 salariés, la progression est de +24 % (3 538 unités), tandis que celles de moins de 3 salariés enregistrent une hausse de +31 % (9 448 unités).
Alors qu’en 2023 les grosses TPE et PME étaient les plus vulnérables, BPCE L’Observatoire note qu’en 2024, « on assiste au phénomène inverse : faible progression des défaillances pour les grosses TPE et PME, mais hausse sensible pour les petites TPE et celles sans salarié. »
Une accélération chez les petites structures
Le cabinet d’étude observe une augmentation notable des défaillances parmi les entreprises de moins de 10 salariés. Ce phénomène s’explique en partie par un effet de rattrapage des défaillances évitées entre 2020 et 2022 grâce aux mesures économiques de l’État, comme le PGE, dont le remboursement pèse désormais sur les entreprises. Un effet de contagion des défaillances des PME-ETI sur leurs sous-traitants, souvent de plus petite taille, est également probable. Ces structures se retrouvent fragilisées par des retards de paiement ou l’arrêt soudain de contrats. La normalisation des assignations de l’Urssaf, après une relative tolérance pendant la crise, pèse également sur les petites entreprises, qui en ressentent particulièrement les effets. Enfin, le contexte économique difficile du secteur du bâtiment, marqué par une baisse de l’activité et une hausse des coûts, vient aggraver la situation pour ces petites structures déjà fragiles.
Des disparités en fonction des activités
Les défaillances d’entreprise ne touchent pas les sous-secteurs du bâtiment de la même manière. Ainsi, les entreprises (toute taille confondue) de travaux d’installation (électricité, plomberie, isolation, etc.) connaissent une plus forte progression, avec +53% en 2024 par rapport à 2019 pour 3 074 défauts. En moyenne, le secteur du bâtiment connaît une augmentation du nombre de défaillance de +29%, tandis que BPCE L’Observatoire explique la situation des entreprises de gros œuvre et des travaux de finition se dégrade modérément.
Prudence pour l’année 2025
Malgré ce record des défaillances sur l’année 2024, le cabinet d’étude envisage une nouvelle dégradation en 2025, avec une estimation de 68 000 nouvelles unités. Les entreprises de moins de trois salariés devraient être particulièrement touchées toujours selon BPCE L’Observatoire, avec une accélération de leur nombre de défaillances, notamment due à la poursuite du remboursement des PGE et à la normalisation des recouvrement de l’Urssaf.
*Le secteur de la construction comprend le gros œuvre, promotion immobilière, CMIstes, génie civil, artisanat du bâtiment, hors les 3 486 défaillances des agences immobilières et autres activités immobilières.
Qu’est-ce qu’une défaillance d’entreprise ?
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), « une unité légale (entreprise, NDLR) est en situation de défaillance ou de dépôt de bilan à partir du moment où une procédure de redressement judiciaire est ouverte à son encontre. Cette procédure intervient lorsqu’une unité légale est en état de cessation de paiement, c’est-à-dire qu’elle n’est plus en mesure de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. » A ne pas confondre avec la cessation, correspondant à l’arrêt total de l’activité d’une entreprise. Ainsi, une société peut-être en défaillance, mais ne pas finir en cessation.
BPCE L’Observatoire et le groupe BPCE
BPCE L’Observatoire recouvre l’ensemble des publications et des études réalisées par les économistes et les experts métiers du Groupe BPCE sur les sujets d’économie et de société, en lien avec nos activités de banquier et d’assureur.
Le groupe BPCE est le deuxième acteur bancaire français, constitué de la Banque Populaire, de la Caisse d’Epargne, ainsi que la Banque Palatine et Oney.