La négociation des partenaires sociaux du BTP sur la formation professionnelle et l’apprentissage a été ouverte mercredi 22 mai 2019. À nouveau hégémonique dans son discours, la FFB nationale a dévoilé ses intentions. Scandaleusement suicidaire pour la formation des salariés des TPE et des entreprises artisanales du bâtiment, ce projet conduirait à la destruction des politiques d’apprentissage du bâtiment, du CCCA-BTP et de certains CFA du BTP. La Capeb, seule à défendre les TPE dans le camp patronal, s’oppose farouchement à cette position très libérale de la FFB nationale.
Pour Jean-Christophe Repon, premier vice-président de la Capeb en charge des affaires sociales et de la formation : « Vu l’expérience de la négociation sur la création de l’OPCO de la construction, la délégation Capeb s’attendait à un début difficile… mais cette première réunion fut bien pire encore ! La Capeb, forte des valeurs qu’elle défend depuis des décennies, espère que le camp patronal va se reprendre, pour ne pas faire voler en éclats l’apprentissage et la formation de tout un secteur. Notre rôle est de garantir l’innovation pédagogique et la qualité des formations dues à nos apprentis et de préserver la proximité des CFA avec nos entreprises et les familles d’apprentis. Et évidemment, rappelons que nos professionnels doivent pouvoir aussi garder une capacité à former leurs compagnons au travers de la formation continue. »
Sans être exhaustif, voici les principales dispositions de ce texte inacceptable par la Capeb :
- la réorientation de la cotisation historique « CCCA-BTP » : celle-ci, jusqu’ici essentiellement dédiée à l’apprentissage, serait transformée en « taxe OPCO de la Construction », et donc également orientée vers la formation continue des plus grandes entreprises. Preuve de cette réorientation, le projet ne dit pas un mot sur le CCCA-BTP, sur tous les réseaux d’apprentissage BTP qui coopèrent avec le CCCA-BTP, sur les associations régionales paritaires du réseau du secteur, ni sur tous les CFA du BTP, paritaires ou associés au sein desquels nos professionnels forment leurs apprentis ;
- l’attaque en règle du système de formation continue des TPE du bâtiment: une partie de leurs contributions serait « partagée » avec celles des plus grandes entreprises. Cela rendrait bien plus facile l’utilisation des contributions des TPE pour doper les budgets formation des plus grandes entreprises ;
- le risque majeur est de voir s’effondrer l’accès à la formation des TPE des branches du bâtiment ainsi que l’offre de services en apprentissage dont les artisans et entreprises artisanales du bâtiment ont tant besoin.
Le projet d’accord sur l’apprentissage est donc, dans sa forme actuelle, totalement inacceptable sur le fond pour la Capeb.
Etant particulièrement attachée à l’apprentissage qui est son ADN ainsi qu’à la formation des collaborateurs de ses entreprises, la Capeb oeuvrera, avec force et détermination, dans les négociations à venir pour revoir en profondeur le contenu de ce projet d’accord.
Il est en effet urgent que soient entendues les demandes de l’organisation professionnelle qui représente majoritairement les entreprises jusqu’à dix salariés (et donc les entreprises artisanales) qui, rappelons-le, forment près de 80 % des apprentis dans le secteur du bâtiment.
© Seignette Lafontan