Retards des dispositifs, inertie politique, promesses sans suite : les artisans du bâtiment perdent patience. Avec sa campagne choc « Nous prenons nos responsabilités. Et vous ? », la Capeb interpelle les décideurs et exige des actions immédiates pour soutenir un secteur vital mais fragilisé. Un appel à sortir de l’immobilisme, avant qu’il ne soit trop tard.
La colère gronde parmi les artisans du bâtiment. Exaspérés par des retards à répétition dans l’application de dispositifs pourtant validés et par une inertie gouvernementale qui met leur secteur à genoux, ils ont décidé de hausser le ton. Avec la campagne « Nous prenons nos responsabilités. Et vous ? », la Capeb adresse un message clair aux décideurs : il est temps d’agir, et vite.
Alors que ces 620 000 entreprises artisanales, représentant 97 % du secteur, continuent de former des apprentis, de préserver des emplois et de contribuer à la rénovation énergétique, elles se sentent abandonnées. « Nous faisons notre part, parfois même au-delà. Mais il est intolérable que les pouvoirs publics ne respectent pas leurs propres engagements », martèle Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. Derrière ces mots se cache une réalité alarmante : les promesses sans lendemain et les retards accumulés fragilisent un secteur pourtant essentiel à la vitalité économique et sociale de la France.
Un rôle clé ignoré par les décideurs
En dépit de l’incertitude économique et de l’absence de soutien concret, les artisans continuent de se mobiliser. En 2024, ils ont formé 60 000 apprentis, accueilli 115 000 stagiaires, et réalisé plus de 172 000 gestes simples dans le cadre de la rénovation énergétique. Ils génèrent 40 % du chiffre d’affaires du bâtiment, tout en assurant une proximité essentielle pour les territoires. Pourtant, leurs appels à l’aide restent largement ignorés.
Les signaux d’alerte se multiplient : les retards dans la mise en œuvre des mesures pour la transition énergétique, les restrictions budgétaires pesant sur l’apprentissage et un budget 2025 qui peine à répondre aux besoins des TPE. « L’artisanat du bâtiment, c’est un maillon essentiel pour nos territoires, pour l’emploi, pour l’écologie. Si on continue à ignorer nos besoins, c’est tout un équilibre qui vacille », alerte la Confédération.
Des actes, pas des promesses
À l’exception d’un décret attendu signé à quelques heures de la démission du gouvernement Barnier en faveur de la stabilité du dispositif de MaPrimeRénov’ en 2025, les propositions de bon sens présentées par la Capeb pâtissent depuis plusieurs mois du climat d’incertitude engendré par la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon la capeb, après des mois d’attente, il est temps que les responsables publics cessent de tergiverser et prennent des décisions courageuses et rapides. « Nous avons prouvé notre engagement en dépit des difficultés. Mais aujourd’hui, nous disons stop : il faut des actes, pas des promesses », assène Jean-Christophe Repon.
Ce cri d’alerte, porté par une campagne percutante, n’est pas seulement un appel au secours : c’est une exigence de respect et de reconnaissance pour un secteur qui, jour après jour, tient ses responsabilités. « À ceux qui gouvernent, maintenant, de faire de même » conclut Jean-Christophe Repon.
Dominique PARRAVANO