En amont des Journées Professionnelles de la Construction de la Capeb, qui se tiendront les 11 et 12 avril prochains à Nice, les présidents de l’Union nationale artisanale (Una) des métiers et techniques du plâtre et de l’isolation (MTPI) et de l’Una Peinture, vitrerie et revêtement (Una PVR) ont le point sur leurs filières respectives. Avec, en toile de fond, un sujet récurrent de « litige » : celui de l’interface métier. Entendez : la réception par le peintre des travaux réalisés par le plâtrier-plaquiste.
Cette année, c’est à Nice, que les représentants des sections professionnelles départementales se retrouveront pour les traditionnelles Journées professionnelles de la construction. Le moment phare annuel de chaque profession du bâtiment. Objectif : parler des grands enjeux de chaque métier. Depuis 2012, les présidents des Unions nationales artisanales se regroupent ainsi pour tenir leurs Journées professionnelles annuelles. David Morales (président de l’UNA des métiers du plâtre et de l’isolation) et Jean-Jacques Châtelain (président de l’UNA Peinture-vitrerie-revêtements) ont présenté à la presse le programme de leurs journées professionnelles respectives à l’occasion de ces Journées de la Construction qui auront lieu les 11 et 12 avril prochains et surtout les actions phares de leurs filières.
Demandez le programme !
David Morales et son équipe présenteront aux délégués les actions de la Capeb relatives au recyclage des déchets de la profession et un premier bilan de l’Engagement volontaire pour la croissance verte (ECV) des industriels du plâtre sera fait. Autre thème abordé : la sinistralité et la sécurité incendie des bâtiments d’habitation et logements, thème cher à l’UNA MTPI. L’occasion de présenter des retours d’expérience et les préconisations nécessaires pour être en phase avec la règlementation incendie. L’UNA présentera également les DTU sur lesquels elle a participé : DTU Isolation, Plafonds suspendus. Deux nouveaux guides seront présentés. L’un relatif à la mise en œuvre des isolants polyuréthanes et l’autre à la mise en œuvre des plafonds modulaires. Enfin, un témoignage d’une représentante des femmes d’artisan aura lieu et l’UNA clôturera la journée du 12 avril en abordant le sujet de l’amélioration du confort acoustique dans les logements.
Les peintres aborderont les techniques de protection et de masquage sachant que l’étape de protection des surfaces est une phase prépondérante des travaux contribuant en partie à la réussite du chantier. Concernant la pose des revêtements de sol, un tour des équipements permettant de limiter la pénibilité, faciliter les applications de ragréage et les mises en œuvre des revêtements sera fait. Enfin, des échanges avec des distributeurs permettront de mieux cerner leurs modes de fonctionnement et leurs problématiques. Ces données seront mises en parallèle avec les nouveaux besoins des entreprises artisanales des métiers de la décoration. De plus, un espace de discussion aura lieu sur de nombreux thèmes : formation apprentis ; santé-sécurité ; le peintre du futur ; relations avec les autres métiers de la décoration. Enfin, on pourra suivre les modalités d’intervention d’un architecte d’intérieur avec les entreprises : contact client, propositions, réalisation des travaux avec les artisans peintres et on pourra voir différents lieux avant/après afin de montrer les interconnexions entre les travaux de l’architecte et ceux des artisans.
L’interface entre métiers, un sujet polémique
Au-delà de ces sujets qui seront abordés aux JPC, David Morales et J.-J. Châtelain sont revenus sur un sujet de débat récurrent, l’interface entre les corps de métiers. « C’est un vieux combat et débat, souligne J.-J. Châtelain. Nous ne sommes jamais d’accord. Les plaques de plâtre doivent être prêtes à peindre lorsque nous intervenons et le DTU est clair sur ce sujet sauf que souvent quand le peintre réceptionne le travail du plaquiste, les bandes ne sont pas bien posées et cloquent. Le peintre doit les arracher et les refaire. Le client doit alors payer deux fois. On soulève ce problème depuis 20 ans ! ».
David Morales constate quant à lui « qu’il y a un problème de tolérances dans les différents DTU, qui se traduit par des incohérences et dysfonctionnements sur le terrain. Il y a 6 ans, toutes les UNA ont travaillé sur les interfaces entre chaque métier et sur ce qu’il fallait faire évoluer dans les DTU pour que ce soit plus cohérent. L’exemple le plus frappant pour nous était la différence entre les tolérances du maçon pour un encadrement de fenêtre, et celles du menuisier, qui étaient moins importantes. » Et J.-J. Châtelain d’ajouter : « Les nouveaux produits complexifient le problème. Les menuisiers travaillent désormais avec du joint silicone, préconisé dans leur DTU. Or, nous peintres, ne pouvons pas peindre sur un joint silicone… »
Un point sur lequel les deux présidents sont d’accord, c’est qu’il y a un vrai manque de dialogue à tous les niveaux. « Les industriels devraient déjà communiquer entre eux quand ils développent de nouveaux produits » souligne J.-J. Châtelain. « Et sur le chantier, ajoute David Morales, les corps de métiers doivent échanger, travailler ensemble, savoir ce que font les uns et les autres, pour que tous puissent travailler correctement et harmonieusement. »
En outre, deux autres facteurs contribuent à amplifier le litige, affirme J.J. Chatelain : la perte de qualité de la main d’oeuvre et les problèmes économiques avec des devis trop « tirés ».
Un groupe de travail a été ainsi mis sur pied de nouveau avec des conseillers professionnels peintres et plaquistes dans le Var. « Nous avons déjà eu ces discussions il y a 10 ans, mais nous allons plus loin, en réalisant une fiche avec des conseils et propositions sur des façons de procéder » précise Jean-Jacques Châtelain.
Autre chantier de l’Una PVR : la rédaction d’un fascicule sur la réception des supports à l’initiative des peintres. « Il s’agira de bonnes pratiques de préparation et d’acceptation des supports » précise J.J. Châtelain.
Les actions à venir du côté des peintres….
Jean-Jacques Châtelain est revenu sur les actions de sa la filière, à commencer par le tour de France du bus de la peinture qui poursuit son périple. Il regroupe les entreprises, les distributeurs et industriels ainsi que le monde du sol depuis deux ans. Un nouveau véhicule a remplacé l’ancien et il poursuit sa mission auprès des jeunes collégiens afin de leur donner envie de se diriger vers les métiers de la finition. Enfin, l’Una PVR est également très impliquée dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « Notre idée est d’échanger des bonnes pratiques sans titre ni médaille au niveau de la gestion de nos entreprises. Il s’agit de mettre en valeur ce que les artisans font parfois tous les jours sans en prendre conscience et de donner ainsi des idées aux autres… »
…et du côté des plaquistes
Du côté des professionnels des métiers du plâtre et de l’isolation, les JPC seront l’occasion d’évoquer les dossiers en cours dont ceux de la formation avec le nouveau référentiel du CAP. Autre sujet : les concours de l’APMP (Association pour la promotion des métiers du plâtre et de l’isolation) qui organise la 23e édition de son challenge ouvert aux apprentis sur la période 2018/2019. Enfin, autre point cardinal de l’action de l’UNA MTPI : la réduction du poids des plaques de plâtre. En effet, si les fabricants de plaques de plâtre ont développé autant de produits aux performances optimisées que de champs d’application toujours plus étendus, ce n’est pas sans conséquence sur le poids des plaques de plâtre qui sont de plus en plus lourdes. Par conséquent, il y a un enjeu majeur pour la filière sachant que les plaques les plus légères BA 10 ont disparu au profit de plaques plus épaisses et plus lourdes telles que les BA 13. La pose de plaques de plâtre nécessite de manutentionner des plaques allant de 27 kg à 58 kg seul ou à deux. Des aides à la manutention existent pour les poseurs lors de l’approvisionnement de la zone de travail (chariot de manutention) et pour la pose de plaques au plafond (monte-plaque). Toutefois, il n’existe pas d’aide à la manutention adaptée à la pose de plaques au mur. De plus, il n’est pas toujours possible d’utiliser des aides à la manutention sur certains chantiers difficiles d’accès, dans des pièces exiguës ou lors de travaux en hauteur. L’objectif de l’action engagée par l’UNA MTPI est ainsi de prôner une diminution de leur poids. Elle souhaite notamment que les plaques de plâtres soient vendues puis posées par demi-plaques (1,50 m ou 1,25 m de hauteur). Les actions envisagées sont de trois ordres : travailler avec l’OPPBTP sur le sujet et réaliser éventuellement une « étude métier » sur ce sujet et enfin, interpeler et travailler avec les industriels des plaques de plâtre. Pour David Morales, le sujet est primordial : « Il faut continuer à interpeller les industriels à ce sujet, et poursuivre le cheminement administratif. La bonne solution serait que la réglementation interdise les plaques supérieures à un certain poids. » Notons que si certains exosquelettes sont en phase de test (notamment ceux mis au point par la start-up Wizo pour les travaux de peinture au plafond), il n’en existe pas encore pour les métiers du plâtre…