Alors que la France subit de plein fouet les ressacs de la crise énergétique avec de surcroît l’interdiction de l’installation de chaudières fioul neuves, la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage (FF3C), a annoncé le déploiement imminent du F30, biofioul autorisé dans les nouveaux équipements. Les quantités initialement mises sur le marché seront modestes. Certains fabricants proposent déjà des chaudières compatibles.
Depuis le 1er juillet dernier, « les équipements neufs installés pour le chauffage ou la production d’eau chaude sanitaire dans les bâtiments d’habitation ou à usage professionnel, neufs ou existants, devront respecter un plafond d’émissions de gaz à effet de serre de 300 gCO2eq/KWh PCI« . Ce décret élimine de facto le fioul domestique et ouvre la voie à l’utilisation du biofioul et notamment du biofioul F30, prêt à être mis sur le marché. En France, 3,1 millions de résidences principales se chauffent au fioul domestique, soit environ 10 millions de Français.
La FF3C a tenu néanmoins à rassurer les ménages recourant au fioul domestique. Si sa forme traditionnelle disparaît de la circulation, toute nouvelle installation dont le devis est signé à partir du 1er juillet 2022 sera possible si elle est compatible avec le biofioul F30, composé de fioul domestique auquel on y ajoute du colza, précisément sous la forme d’ester méthylique de colza (EMC) à hauteur de 30 %. Heureusement, la FF3C avait déjà anticipé cet état de fait avec le lancement de la marque « Biofioul Ready » qui compte une cinquantaine de références d’équipements compatibles avec le biofioul F30.
Un arrêté ministériel imminent
La filière qui attend de pied ferme la publication au journal officiel d’un arrêté ministériel autorisant la mise sur le marché de ce nouveau produit énergétique assure que « plus de 300 points de vente couvrant tous les départements de l’Hexagone sont prêts à livrer » selon Eric Layly, président de la FF3C. La logistique actuelle « est tout à fait adaptée pour des carburants et combustibles bas carbone », assure Hakim Britel, président de la fédération des Pétroliers Indépendants (FFPI).
Un coût plus élevé de 5 à 10 %
Nul besoin donc de changer le mode de distribution aux ménages concernés. D’après une enquête menée par Opinion Way en juillet dernier pour la FF3C, 80 % du panel interrogé serait prêt à recourir au biofioul en remplacement du fioul domestique. 51 % pourraient même adapter leurs équipements en changeant leur brûleur pour être compatible au F30. Le passage au biofioul F30 reviendrait à une installation 5 à 10 % plus onéreuse « Si le gain de consommation d’une chaudière neuve à performance énergétique, de 25 à 30 %, permet de gommer le surcoût lié à l’usage du biofioul, ce n’est pas le cas pour les chaudières existantes dont la longévité dépasse les 25 ans » souligne Frédéric Plan, délégué général de la FF3C.
La FF3C envisage la commercialisation de 100 000 à 150 000 m³ de biofioul F30 en 2024, ce qui représente une faible proportion eu égard au volume de fioul domestique consommé en France (un peu plus de 6 millions de tonnes en 2021). La FF3C prévoit la commercialisation d’un biofioul F50 (50 % d’ester méthylique d’huile végétale (EMAG) en 2028, puis du biofioul F100 à l’horizon 2030.
La production du biofioul est locale. 100 000 agriculteurs cultivent du colza en France, ce qui assoit la souveraineté de la France dans ce domaine au sein de l’Union européenne.
« Tous nos voisins regardent la France » se félicite Sandrine Devos, déléguée générale d’Eurofuel, association des acteurs européens du fioul et des combustibles liquides pour le chauffage domestique. Selon elle, « la démarche française est cohérente avec les ambitions européennes », en termes de stratégie bas carbone.