En 2023, l’activité des artisans du BTP et du paysage, pénalisée pour le bâtiment par la chute de la construction neuve, a enregistré un recul de 0,6 %. Une réalité qui n’est pas sans conséquence sur l’état de santé de ces chefs d’entreprise, comme le démontrent les résultats de la dixième édition du baromètre Artisanté que la Capeb dévoile.
L’année 2023 est marquée par une intensité persistante dans le rythme de travail des dirigeants d’entreprise artisanale. L’étude révèle que 55 % des sondés dépassent le nombre de 50 heures de travail hebdomadaires, 48 % déclarent travailler même le week-end et 60 % des personnes interrogées admettent rester connectées à leurs e-mails quotidiennement pendant leurs congés. 78 % des dirigeants estiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie privée. Leur principale préoccupation demeure la charge administrative à laquelle ils sont confrontés. Les données indiquent que cette charge administrative constitue une source de stress pour 42 % des répondants. Comme chaque année, le baromètre révèle que la pression administrative s’intensifie avec le nombre de salariés. Dans ce contexte, les « Rencontres de la simplification » et la perspective de la loi de simplification attendue en juin revêtent une importance cruciale.
Malgré tout, la passion du métier demeure
Dans le contexte économique incertain dans lequel ils évoluent, seuls 38 % des chefs d’entreprise interrogés se disent optimistes face à l’avenir. En particulier, la crainte de manquer des opportunités de chantier exerce une pression supplémentaire sur les artisans. L’étude révèle ainsi que 452 répondants déclarent la pérennité de leur entreprise menacée. Une autre donnée inquiétante émerge : une hausse de huit points chez les répondants déclarant en 2023 avoir affronté des difficultés psychiques (anxiété, dépression, épuisement professionnel). En effet, 43 % des artisans avouent avoir été confrontés à ce type de problème au cours de l’année écoulée, contre 35 % en 2022 et 34 % en 2021. Malgré les difficultés rencontrées, 86 % des chefs d’entreprise se déclarent néanmoins épanouis dans leur métier, confirmant que la passion du métier est un élément constitutif et caractéristique des métiers de l’artisanat.
Pour Jean-Christophe Repon, président de la Capeb : « Ce baromètre révèle les répercussions de la dégradation de la situation économique sur la santé des artisans. Les carnets de commandes tardent à se remplir par suite d’un marché du neuf en très forte chute avec des transactions immobilières en baisse, une activité en rénovation globalement atone, autant de facteurs qui expliquent ce moral en baisse. Nous espérons que la révision majeure du dispositif MaPrimeRénov’ obtenue par la Capeb, qui va nécessairement contribuer à relancer l’activité, ait un impact positif sur leur moral. Nous attendons également beaucoup des mesures de simplification attendues à la suite des Rencontres de la simplification auxquelles nous avons largement contribué. Les propositions que nous avons formulées sont, en effet, à même de réduire la charge administrative pesant sur les chefs d’entreprise, fortement dénoncée dans ce baromètre. »
Françoise Despret, présidente de la CNATP, ajoute : « Le stress éprouvé par les chefs d’entreprise découle souvent d’une surcharge de travail, de difficultés de trésorerie ou des incertitudes liées à l’activité. Sur ce dernier point, l’indice de confiance de nos chefs d’entreprise mesuré lors du dernier point conjoncture CNATP est inquiétant. Si les chefs d’entreprise artisanale travaillent beaucoup, s’écoutent peu…, ils commencent à s’ouvrir à la possibilité de se faire aider, conscients que lorsqu’ils vont bien, l’entreprise s’en porte mieux. Cette prise de conscience est un élément clef et essentiel. C’est également le rôle de nos organisations professionnelles d’accompagner et soutenir nos collègues tout au long de la vie de leur entreprise. »