Les entreprises artisanales, notamment celles du BTP, sont parvenues à traverser la crise sanitaire et à relever leur niveau d’activité s’est félicitée l’Union des entreprises de proximité (U2P) lors d’une conférence de presse. Seule vraie ombre au tableau : les difficultés de recrutement qui ont été entre autres au cœur de la rencontre qui a précédé avec le Premier ministre Jean Castex.
C’est en sortant d’une rencontre entre le Premier ministre Jean Castex et les partenaires sociaux que le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), Dominique Métayer, a tenu un point presse sur la conjoncture de ces dernières qui représentent trois millions d’entreprises, soit les deux tiers des entreprises françaises, dont 665 290 entreprises et 755 180 salariés du BTP .
Selon le dirigeant de l’organisation patronale, ce tour de table avec le Premier ministre a permis de « faire le point sur la situation économique des entreprises de proximité et ses perspectives et de balayer les grands sujets d’actualité, la sortie de crise, les difficultés de recrutement, des fondamentaux comme la formation professionnelle, et des sujets plus transversaux comme la réforme des retraites. » Selon lui, les leaders syndicaux ont exclu toute discussion sur les retraites avant la présidentielle. « Sur ce dernier point, il est important de souligner que l’U2P a participé en son temps activement au projet de la réforme (…) Nous estimons indispensable bien sûr de reformer le régime des retraites afin d’assurer son équilibre financier, et donc sa pérennité » précise Dominique Métayer « mais nous ne voulons pas jeter du trouble, dans cette période de sortie de crise sanitaire et de cette reprise que nous souhaitons ardemment. » Il s’est en revanche dégagé un consensus sur l’ouverture de discussions sur l’emploi des seniors et la pénibilité, mais aussi sur les difficultés de recrutement.
Les voyants repartent au vert
Dans le cadre de sa collaboration avec l’institut Xerfi Specific, l’U2P a dévoilé les résultats de deux enquêtes, l’une portant sur l’activité des entreprises de proximité au 2ème trimestre 2021 par rapport à la même période de 2020, la deuxième révélant l’évolution de l’emploi au cours des six premiers mois de l’année.
Ainsi, le chiffre d’affaires des entreprises de proximité a bondi de 51,5% au 2ème trimestre. Une moyenne qui cache de fortes disparités entre l’artisanat (+35%), le commerce alimentaire et l’hôtellerie-restauration (passés de -55% en 2020 à +205% en 2021), et les professions libérales (+31%). Pour la première fois depuis 2019, les chefs d’entreprise sont plus nombreux à faire état d’une amélioration de leur trésorerie que ceux qui constatent une dégradation.
Le niveau d’activité a reculé de 12,5%
En 2020, « la crise sanitaire a freiné la dynamique dont bénéficiait les entreprises depuis 2017 » explique le patron de l’U2P, expliquant que le niveau d’activité des membres de la fédération a reculé de 12,5% l’année dernière. Les affres de la crise ont particulièrement rempli leur office au second trimestre bien que les mesures de soutien mises en place par Bercy ont permis de limiter la casse.
Les 665.290 entreprises artisanales du bâtiment et des travaux publics représentées par l’U2P ont eu d’ailleurs différemment recours aux aides publiques. D’après la Direction générale des finances publiques (DGFIP), la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et la Banque publique d’investissement (BPI France), 232.900 ont bénéficié en 2020 du Fonds de solidarité, tandis que 145.000 ont demandé à recourir à l’activité partielle en avril, permettant d’indemniser 517.850 salariés. Signe d’un retour quasi à la normale : ce nombre est tombé à 10.100 entreprises requérantes en novembre, pour 22.900 salariés concernés. Sur l’ensemble de l’année dernière, 78.800 entreprises de la construction ont de surcroît bénéficié d’un Prêt garanti par l’État (PGE), dont le montant moyen s’est élevé à 81.280 €.
L’apprentissage à la page
Ce soutien massif de l’État a permis d’amoindrir les défaillances d’entreprises dans la plupart des secteurs d’activité. Dans le BTP, les créations d’entreprise ont même augmenté, passant de 81.063 en 2019 à 82.527 en 2020 ! Toutefois, les entrepreneurs n’ont pas encore vraiment retrouvé leur niveau d’activité de 2019 mais le premier semestre 2021 laisse augurer des jours plus heureux, notamment concernant l’emploi, avec « une embellie modeste mais incontournable » selon Dominique Métayer.
Alors que l’apprentissage a vu son niveau doubler en un an (9% du total des embauches), les entreprises artisanales dans leur globalité ont vu leurs effectifs se tasser légèrement de 1% entre 2019 et 2020. La construction divorce cependant de cette tendance avec une croissance de 4%, faisant la part belle aux travaux d’installation électrique et de plomberie (+7.670 postes), à la maçonnerie générale, couverture et étanchéification (+7.260 postes) et aux travaux de cloisonnement et de finition (+7.080 postes). Des secteurs qui ont créé le plus d’emplois.
Et maintenant ?
« Notre mot d’ordre, c’est de tout faire pour assurer la continuité de l’activité donc priorité à la vaccination, pour les chefs d’entreprise, les salariés, les clients, les partenaires, afin d’éviter un nouveau confinement qui serait problématique » a lancé Michel Picon, l’un des vice-présidents de l’U2P.
Enfin, seule grande pierre d’achoppement pour le secteur : la difficulté à recruter des candidats qualifiés. Le manque de compétences est souvent en cause, mais c’est aussi l’absence parfois totale de candidats qui fait question.
Sur la photo : de gauche à droite : Jean-Christophe Repon, Président de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) et Vice-Président de l’U2P, Dominique Métayer, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) et Michel Picon, Vice-président de l’U2P. Crédit : Capeb