Le Sénat a refusé le 21 janvier un amendement du Gouvernement visant à réduire de manière drastique les crédits alloués au dispositif MaPrimeRénov’ en 2025. Un coup de rabot qui provoque l’ire de la Capeb qui dénonce une vision budgétaire court-termiste et des choix défavorables pour les artisans et petites entreprises du bâtiment.

Le Sénat a rejeté, lors de l’examen de la mission « Cohésion des territoires », un amendement gouvernemental déposé en dernière minute visant à réduire d’un milliard d’euros les crédits de paiement pour 2025. Ce projet prévoyait également une annulation de 718,7 millions d’euros en autorisations d’engagement. Le dispositif « MaPrimeRénov’ », pilier des aides à la rénovation énergétique, aurait été particulièrement impacté avec une baisse significative de son budget. Déjà ramené de 4 milliards à 2,3 milliards d’euros dans une version antérieure du PLF, le dispositif devait encore subir un coup de rabot.

Les sénateurs, toutes tendances politiques confondues, ont critiqué ce projet. Jean-Baptiste Blanc, rapporteur spécial du budget des crédits « Logement et Ville », a dénoncé la méthode précipitée du gouvernement. « Les conséquences de cette réduction sont trop graves pour nos concitoyens », a-t-il déclaré. Dominique Estrosi-Sassone (LR) a quant à elle qualifié ces coupes de « drastiques et inacceptables ». Du côté gauche, Patrick Kanner, président du groupe SER, a condamné un « amendement scélérat » nuisant à l’amélioration de l’habitat et à la lutte contre la précarité énergétique.

La rénovation énergétique sacrifiée sur l’autel des économies

La Capeb a également exprimé sa colère face à ce qu’elle perçoit comme une instabilité chronique des politiques de soutien à la rénovation énergétique. Jean-Christophe Repon, son président, a dénoncé une « vision exclusivement budgétaire » et souligné que les arbitrages pénalisent toujours les TPE et PME. Selon lui, ces changements fréquents mettent en péril la capacité des artisans à s’engager pleinement dans la transition énergétique. Cette instabilité alimente un sentiment d’abandon parmi les professionnels du bâtiment.

Valérie Létard veut rassurer

En réponse aux critiques, la ministre du Logement, Valérie Létard, a tenté de rassurer en affirmant que les paramètres actuels de « MaPrimeRénov' » ne seraient pas modifiés, notamment en ce qui concerne les « mono-gestes ». Elle a également rappelé la prolongation, jusqu’en 2025, de certaines dispositions réglementaires pour encourager les rénovations des maisons individuelles classées « F » et « G ». Toutefois, ces ajustements sont jugés insuffisants par les sénateurs et les professionnels du secteur.

Alors que le gouvernement mise sur la trésorerie de l’Agence nationale de l’habitat (ANHA) pour absorber ces réductions budgétaires, les inquiétudes persistent. Les artisans et petites entreprises du bâtiment, déjà fragilisés par un contexte économique difficile, redoutent que ces mesures ne freinent la dynamique de rénovation énergétique, pourtant essentielle pour atteindre les objectifs environnementaux et répondre aux besoins des ménages les plus modestes.

Dominique PARRAVANO