La Capeb révèle les résultats de la neuvième édition de son baromètre ArtiSanté réalisé par l’Iris-ST (Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail) en partenariat avec la CNATP (Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et du paysage) auprès de 2 224 chefs d’entreprise.
L’année 2022 est marquée par l’intensité du rythme de travail des dirigeants d’entreprise artisanale. Toutefois, l’écart se creuse entre ceux qui emploient des salariés et ceux qui n’en ont pas. Ainsi, en 2022, 23 % des chefs d’entreprise travaillant seuls cumulent plus de 60 heures par semaine contre 37 % de ceux employant onze à quinze salariés. En 2021, ils n’étaient que 14 % des artisans travaillant seuls à déclarer effectuer plus de 60 heures par semaine.
Un optimisme en baisse
Fait symptomatique de l’année 2022, l’optimisme des répondants est en baisse de seize points par rapport à 2021, alors qu’ils sont 56 % à déclarer que leur activité a progressé en 2022. Le baromètre atteste donc de la capacité d’adaptation qui caractérise les entreprises artisanales. Ces dernières ont su préserver leur activité après avoir essuyé trois années de forts aléas économiques aux conséquences notables sur la gestion des entreprises. Mais leur moral en a pâti, les chefs d’entreprise exprimant, au travers de cette enquête, de fortes inquiétudes concernant leur activité dans un avenir proche.
Des dirigeants en prise avec une charge administrative de plus en plus importante
Le baromètre met en exergue une progression du poids de la charge administrative sur le temps de travail du dirigeant. 42 % des répondants ont indiqué que la gestion administrative qui leur incombe représente entre 25 % et 75 % de leur charge de travail, soit une hausse de quatre points par rapport à 2021. On constate une augmentation significative du poids que représente cette charge administrative sur le temps de travail dès lors que l’entreprise compte plus de cinq salariés.
Cette surcharge administrative a nécessairement des conséquences sur la capacité des chefs d’entreprise à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Rythme de travail soutenu, travail durant les jours de repos (un artisan sur deux travaille le week-end), consultation de leurs mails quotidiennement durant leurs congés (58 %), difficulté à prendre des congés pour les artisans travaillant seuls (45 % déclarent avoir pris au maximum deux semaines de congés), 83 % d’entre eux ont le sentiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie personnelle.
Un épuisement professionnel plus souvent exprimé
Lorsque l’activité, l’investissement personnel, le stress, la charge mentale sont trop élevés, que le travail devient une contrainte et que les résultats espérés ne sont pas au rendez-vous, l’épuisement émotionnel et physique guette. 35 % des artisans déclarent ainsi avoir rencontré des difficultés psychiques au cours de l’année, mais 56 % l’ont évoqué à quelqu’un. Ils sont 55 % à indiquer savoir vers qui se tourner si la pérennité de leur entreprise était menacée. « Cette augmentation du nombre de chefs d’entreprise qui savent trouver de l’aide à la Capeb est encourageante et doit nous conduire à continuer nos actions de sensibilisation et d’accompagnement pour qu’ils ne soient jamais seuls et leur permettre de trouver des solutions le plus en amont possible », commente Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.
Un épanouissement toujours au rendez-vous
Malgré les inquiétudes dont font état les chefs d’entreprise et la situation d’incertitude économique à laquelle ils sont confrontés, ils sont 71 % à se déclarer épanouis dans leur rôle de chef d’entreprise et 82 % dans leur métier. Preuve en est que les métiers de l’artisanat du bâtiment et du paysage sont avant tout des métiers de passion qui s’appuient sur des valeurs suffisamment fortes pour permettre aux chefs d’entreprise d’affronter les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Points de vue
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb : « Le bilan que dresse cette étude est riche d’enseignements et valide ce que nous affirmons et portons au travers de nos quinze propositions pour dynamiser le marché de la rénovation énergétique. Les entreprises artisanales de notre pays sont sa richesse et sa source de développement économique. Il faut en prendre soin. Il faut impérativement alléger leurs contraintes, en particulier administratives. Au regard du rôle qu’elles ont à jouer dans notre capacité à répondre à tous les défis, écologiques, numériques, sociaux que nous devons relever, nous devons leur donner les moyens d’exercer sereinement leur métier. »
Françoise Despret, présidente de la CNATP : « Nos points de conjoncture indiquent toujours une situation complexe notamment côté trésorerie. Si nos carnets de commandes restent contenus malgré des ventes de logements neufs qui continuent de plonger et, par conséquent, leurs mises en chantier, selon la dernière note de conjoncture des Notaires de France, le marché immobilier qui engendre pour nous des travaux de rénovation et d’embellissement semble connaître une certaine contraction. « Incertitude » était sans doute en janvier le mot par lequel nous pouvions qualifier l’année 2023. Nous en sommes toujours au même point… Cette situation est stressante et les chefs d’entreprise doivent être résolument confiants afin d’avancer sereinement. »