C’est à la Maison de la Mutualité à Paris, que se sont tenus, les 10 et 11 avril derniers, deux rendez-vous majeurs pour la Capeb : son Assemblée Générale suivie de son Congrès. Deux journées intenses qui ont réuni l’ensemble du réseau Capeb, venu de tous les territoires, pour échanger, débattre et construire l’avenir de l’artisanat du bâtiment. L’enjeu ? Peser dans le débat public et préparer l’avenir avec lucidité et combativité.
Le 10 avril, l’Assemblée Générale a permis un temps de bilan et de projection. Après un point complet sur les enjeux financiers et syndicaux internes, les membres ont débattu des grandes orientations à venir, autour de résolutions clés. Le recrutement et la fidélisation des talents, enjeux cruciaux pour la pérennité de nos entreprises, ont occupé une place centrale. Deux grands témoins sont venus nourrir la réflexion : le sociologue Michel Offerlé et Bernard Thibaut, ancien secrétaire général de la CGT. Leurs interventions ont permis de prendre de la hauteur sur l’évolution du modèle économique et social auquel l’artisanat contribue.
Cette journée fut également l’occasion de mettre à l’honneur la promotion 2025 de l’École des Cadres, chaleureusement félicitée pour son engagement et l’obtention de son diplôme. Une relève motivée, prête à porter haut les couleurs de l’artisanat.
Un moment de grande émotion a marqué cette assemblée avec le témoignage du président de la CAPEB Mayotte, qui a rappelé les conséquences du cyclone Chido. Grâce à la mobilisation exemplaire du réseau Capeb, un soutien concret a été mis en place et se poursuit. Le président Jean-Christophe Repon a d’ailleurs rappelé que la cagnotte de solidarité reste ouverte afin de poursuivre cette aide essentielle.
La journée s’est conclue par l’annonce des résultats des élections et la présentation des nouveaux élus, prêts à s’engager pour renforcer une Capeb toujours plus forte et unie.
Congrès 2025 : L’entreprise artisanale du bâtiment, modèle de demain
Le lendemain, le 11 avril, s’est tenu le Congrès annuel de la Capeb sur le thème : « L’entreprise artisanale du bâtiment : le modèle de demain ». Animée par le journaliste Bernard Thomasson, cette journée de réflexion et de débat a permis de repenser notre modèle économique et d’identifier les leviers pour que les entreprises artisanales prennent pleinement leur place dans l’économie de demain.
Jean-Christophe Repon a ouvert les échanges avec une prise de parole forte. Il a déploré le manque de soutien du gouvernement envers les TPE, regrettant l’absence de représentants ministériels au Congrès, symbole d’une politique qui tend à privilégier les grands groupes au détriment de l’artisanat. « Le marché s’organise pour la grande distribution, alors que nous, artisans, sommes une force essentielle face aux défis énergétiques, de la rénovation et du maintien à domicile », a-t-il souligné.
Il a pointé les contradictions d’un système qui, sous couvert de lutter contre la fraude, favorise les intermédiaires commerciaux non qualifiés au détriment des entreprises RGE, reléguées au rang de simples exécutantes. Il a dénoncé la création de labels spécifiques pour les grandes enseignes, alors que 97 % des entreprises du bâtiment sont des TPE : « Veut-on sacrifier les artisans pour garantir les bénéfices des gros faiseurs ? C’est contre-productif pour la société. »
Sur la loi de simplification, le président de la Capeb a salué certaines avancées, comme le maintien du seuil de franchise de TVA à 25.000 euros pour les micro-entrepreneurs du bâtiment. En revanche, il a déploré le refus du gouvernement d’assouplir l’accès au label RGE par la validation des acquis de l’expérience (VAE), pourtant essentielle pour faciliter la montée en compétences des artisans.
Enfin, il a mis en garde contre les reculs sur les ambitions environnementales, notamment concernant les ZFE et le ZAN : « On donne de plus en plus les marchés aux grosses entreprises, alors que l’essentiel du parc bâti existe déjà. Il faut le rénover, le redimensionner, et cesser de bétonner à outrance.
Deux journées pour une Capeb debout, engagée et visionnaire, prête à affirmer la valeur de son modèle artisanal dans une économie en pleine mutation. Le message est clair : les artisans ne demandent pas de privilèges, mais de pouvoir contribuer, à hauteur de leur force, à la transition et à la transformation de notre pays.
La prochaine édition du numéro du mois de mai du Bâtiment artisanal consacrera une édition spéciale à l’AG et au congrès de la Capeb avec un cahier de douze pages.
Dominique PARRAVANO