Malgré la conjoncture encore positive au deuxième trimestre, la Capeb est très préoccupée par une situation économique incertaine du fait de la poursuite de la hausse des prix des matériaux et des difficultés géopolitiques, qui pèse de plus en plus sur les entreprises artisanales du bâtiment et notamment sur leurs marges et leurs trésoreries.
L’activité globale des entreprises artisanales du bâtiment enregistre une hausse de 3 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. Ces résultats restent en ligne avec la tendance annuelle qui s’établit à 3,5 % sur les quatre derniers trimestres. Avec 2,5 % de croissance, la construction neuve continue de progresser mais à un rythme moindre que la tendance annuelle (2,7 %). Une conjoncture positive portée notamment par les autorisations de construction (+ 16,4 % en mai 2022 par rapport à mai 2021). L’activité en entretien-rénovation enregistre une croissance de + 3 % en comparaison avec le deuxième trimestre 2021 et profite du dynamisme des travaux de performance énergétique des logements qui progressent de 4 % au deuxième trimestre 2022.
Autres indicateurs favorables
Le nombre de logements individuels autorisés a progressé de 35 300 de juin 2021 à mai 2022 par rapport aux douze mois précédents (+ 18,4 %) pour atteindre 227 000 unités. Les logements individuels groupés ont augmenté toutefois plus fortement que les logements individuels purs (respectivement + 28,1 % et + 15,5 %).
Pendant cette période, les mises en chantier de logements individuels ont crû de 13 700 unités, soit + 8,8 %, et atteignent 169 900 logements commencés. Les logements individuels groupés ont légèrement augmenté (+ 0,5 %) tandis que les logements individuels purs ont plus nettement progressé (+ 11,4 %).
Disparité dans les régions
Ce trimestre montre une forte disparité entre les régions. Si l’activité croît sur l’ensemble du territoire avec des taux compris entre 2,5 % et 4 %, une majorité de régions (sept) affiche cependant une progression en retrait par rapport au premier trimestre 2022. A contrario, la région Nouvelle-Aquitaine présente la plus forte hausse à 4 % et quatre régions affichent des hausses au-dessus de la moyenne nationale : la Bourgogne Franche-Comté, les régions PACA et Corse, les Pays de la Loire (+ 3,5 %).
Croissance de l’activité pour tous les métiers
Les travaux d’électricité affichent la croissance la plus dynamique avec 4 %, tandis que la hausse atteint 3,5 % pour l’aménagement-décoration-plâtrerie. Ces deux secteurs confirment ainsi leur solide tendance annuelle. Les travaux de couverture-plomberie-chauffage connaissent quant à eux une progression légèrement plus modérée mais stable, autour de 3 %. En revanche, le constat est plus mitigé pour la maçonnerie et la menuiserie-serrurerie avec des taux de croissance plus faibles, de – 2,5 % et de – 2 % par rapport au second trimestre 2021.
L’emploi reste dynamique
Le secteur de la construction continue d’être pourvoyeur d’emplois : un accroissement des embauches salariées de 2,3 % est observé ce trimestre. Dans l’artisanat du bâtiment, 25 % des chefs d’entreprise interrogés ont ainsi cherché à embaucher durant le second trimestre 2022 (contre 31 % au trimestre précédent) et 12 % y sont parvenus (contre 17 % au trimestre précédent).
101 jours
Le nombre de jours de carnets de commandes s’élève à 101 au deuxième trimestre 2022, soit 10 jours de moins qu’un an auparavant. L’évolution semble se stabiliser à des niveaux élevés, tant en neuf qu’en entretien-rénovation. Les entreprises de 10 à 20 salariés apparaissent légèrement favorisées.
Baisse des marges
Ce trimestre, 36 % des entreprises déclarent une baisse des marges contre 40 % au 1er trimestre 2022, tandis que seulement 5 % déclarent une hausse. Le solde d’opinions sur ce trimestre s’établit à – 31 points et reste en baisse par rapport au même trimestre de l’année précédente (- 4 points).
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb : « Les entreprises artisanales, qui savent s’adapter, ont réussi jusqu’à présent à maintenir leur activité à un niveau très satisfaisant… mais cela ne pourra pas durer ! Si les chiffres sont encore favorables, le contexte actuel lié aux difficultés d’approvisionnement, de recrutement, et à la hausse des prix des matériaux et de l’énergie, menace cette croissance. Dans ces conditions, nous appelons le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent pour répondre de manière efficace à l’inflation, à la nécessaire transparence des prix et au risque de récession en 2023. Nous espérons que les Assises du BTP seront une première étape en ce sens. »
Augmentation des prix et difficultés d’approvisionnement (étude Capeb/Xerfi juillet 2022)
- Les résultats montrent une poursuite de la hausse moyenne du prix des matériaux depuis janvier (26 %). Comme au 1er trimestre, la menuiserie-serrurerie est l’activité qui connaît la plus forte hausse de prix (+ 29 %) suivie de près par l’aménagement, la décoration-plâtrerie et la maçonnerie (+ 26 %). En cause, la forte augmentation de l’acier et du bois notamment.
- La hausse des prix continue d’impacter toutes les entreprises de l’artisanat du bâtiment qui se voient contraintes de la répercuter dans leurs devis. En moyenne, 81 % des entreprises interrogées déclarent avoir répercuté la hausse des prix au deuxième trimestre (contre 60 % au trimestre précédent). Ces entreprises le font ce trimestre en moyenne à hauteur de 59 % (contre 43 % en avril 2022). Les électriciens et les menuisiers-serruriers, relativement plus touchés, sont les métiers qui répercutent cette hausse de prix de manière plus importante que la moyenne (à + 75 % et + 67 %, respectivement).
- En moyenne, le poids des matériaux représente plus de 30 % des coûts de l’entreprise. Cette proportion augmente de 2 % par rapport à la précédente enquête (avril 2022), et plus largement pour les électriciens (à 36 %, contre 29 % en avril 2022) et pour l’aménagement-décoration-plâtrerie (à 31 %, contre 26 % en avril 2022).
- Par ailleurs, 74 % des entreprises (contre 56 % en avril 2022) déclarent que la hausse des délais d’approvisionnement et la pénurie des matériaux posent des difficultés de production et d’organisation, notamment des modifications de plannings (70 %, contre 76 % au trimestre dernier) et une réduction de la validité des devis (51 %).
Jean-Christophe Repon : « Les hausses de prix actuelles vont impacter l’activité de nos entreprises avec pour conséquence de ralentir la transition énergétique dans le bâtiment alors que nous devrions, au contraire, accélérer. Nous demandons aux industriels et aux distributeurs une vraie transparence dans les hausses de prix annoncées car nous sommes convaincus que certaines hausses que nos entreprises subissent actuellement vont bien au-delà du simple impact de la guerre en Ukraine et/ou de la hausse du coût des énergies. Pour la Capeb, la période actuelle nous oblige à une vraie solidarité économique entre les acteurs de la filière. Face à cette situation inquiétante, la Capeb a formulé des propositions concrètes aux Pouvoirs publics pour conforter l’activité et permettre à nos clients de continuer à engager des travaux. Nous veillerons à ce qu’elles soient reprises. »