L’apprentissage ne doit plus être une voie de garage. C’est ce que souhaite Muriel Pénicaud, ministre du Travail, qui a lancé aux côtés de Patrick Liébus, président de la Capeb, une campagne sur les réseaux sociaux sur les métiers de l’apprentissage à la Galerie des transports du Conservatoire national des Arts et Métiers, où plus de 3 000 apprentis évoluent au sein du CFA du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Les apprentis sont invités à témoigner, notamment sur Facebook, Instagram et Snapshat, pour raconter leur expérience et susciter des vocations, sous le hashtag #DémarreTaStory.
Bousculer les idées reçues
Il s’agit d’une campagne inédite faite par et pour les apprentis, car qui mieux pour en parler que les jeunes apprentis eux-mêmes, les anciens apprentis ou encore les maîtres d’apprentissage ? Une quarantaine d’apprentis ont donc déjà été interviewés pour initier l’opération. « Le but est de casser les codes et les idées reçues : beaucoup de jeunes ne savent pas que l’on peut préparer les mêmes diplômes, un CAP, un bac pro, ou même être ingénieur en passant par l’apprentissage », a expliqué Muriel Pénicaud. Il faut dire que l’enjeu est de taille, car le chômage des jeunes reste très élevé et certains métiers manquent de bras. De là la nécessité de relancer cette filière en berne. La ministre du Travail rappelle qu’il y a aujourd’hui environ 400 000 apprentis en France. C’est seulement 7 % des jeunes de 16 à 25 ans, « alors qu’un million de jeunes sont sans formation, ne se projettent pas vers l’avenir, perdent confiance en eux-mêmes et en la société. Cette campagne est faite pour eux et pour tous les jeunes qui cherchent leur voie et envisagent la vie professionnelle comme une poursuite de l’épanouissement. Notre défi est de convaincre les jeunes et leurs parents d’oublier les idées reçues concernant l’apprentissage et de leur montrer qu’il permet de s’épanouir ».
Des idées reçues qui ont été déconstruites à l’envi et battues en brèche lors de la prise de parole de Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment. « Il faut démontrer que l’apprentissage est un choix, et un choix que l’on ne regrette pas », a-t-il expliqué. Selon lui, suivre ce mode de formation s’apparente à un « véritable ascenseur social » et « une voie de réussite certaine ». En effet, 70 % d’entre eux trouvent un emploi dans les sept mois suivant la fin de leur formation.
Yves-Marie Le Bourdonnec, boucher réputé passé lui aussi par la voie de l’apprentissage, affirme que les métiers auxquels il prépare sont ouverts, et qu’il est tout à fait possible d’évoluer et changer de profession au cours de sa vie professionnelle. Il a insisté sur l’importance de donner de la place à « l’intelligence des mains ». Par ailleurs, Muriel Pénicaud a ajouté qu’il s’agissait d’un « choix d’autonomie et de maturité » pour des jeunes qui se responsabilisent plus vite et peuvent développer un sens aigu de l’entrepreneuriat : un quart des apprentis finissent ainsi par créer leur entreprise. Autant d’atouts qu’offre la voie de l’apprentissage, et que la campagne #Démarretastory a vocation à défendre et promouvoir auprès des 16-25 ans.
500 euros pour passer le permis de conduire
Pour encourager les candidats dans cette voie, le Gouvernement va revaloriser la rémunération des apprentis de 16 à 20 ans, de 30 € nets par mois. En outre, tout apprenti d’au moins 18 ans bénéficiera d’une aide de 500 euros pour passer le permis de conduire. « Si un jeune quitte sa formation en cours d’année, il pourra, à tout moment de l’année réintégrer le système », ajoute Muriel Pénicaud. Le Gouvernement souhaite ainsi faciliter les embauches des apprentis tout au long de l’année et non plus en fonction du calendrier scolaire. La réforme prévoit aussi de repousser l’âge d’entrée possible dans une filière d’apprentissage jusqu’à 30 ans au lieu de 26 ans actuellement. Et dès l’école, « il va y avoir une découverte des métiers avec tous les collèges et tous les lycées, car la plupart des jeunes n’ont pas une idée réelle des métiers ». La ministre veut aussi favoriser les « passerelles entre les lycées professionnels et les centres d’apprentissage (CFA) ».