Tandis que le Gouvernement planche sur une feuille de route pour l’économie circulaire et que la valorisation des déchets de la construction fait plus que jamais question, Isover, la filiale de Saint-Gobain, vient de créer sa propre filière de collecte, tri et recyclage de déchets pour la laine de verre qui était jusque-là enfouie puisqu’aucune valorisation énergétique n’était possible. « Sachant qu’ il s’agit d’un déchet non inerte et non dangereux, la laine de verre est gérée par des centres de stockage des déchets ultimes de classe 2, pour un coût d’enfouissement de 100 à 150 € la tonne », explique Valentin Lamy, directeur de site pour Excoffier Recyclage dans l’Ain.
L’entreprise qui a d’abord travaillé sur ses chutes propres, issues des découpes de rouleaux de ses chaînes de production, a réfléchi sur l’emploi de déchets issus de chantiers de déconstruction ou de rénovation. Le site d’Orange dans le Vaucluse, vaisseau amiral de l’industriel, s’est ainsi donc doté il y a vingt ans d’un outil de revalorisation baptisé Oxymelt qui transforme l’isolant en calcin afin de le réinjecter dans le process de fabrication de laines neuves. Ils sont fondus au moyen d’une atmosphère enrichie en oxygène qui augmente la température du four, permettant d’éliminer les résidus indésirables, dont la matière organique, nécessaire à la cohésion des fibres entre elles. A défaut de filière organisée, le facteur limitant était donc la collecte de laines de verre récupérées.
C’est donc désormais chose faite avec Isover Recycling, fruit d’un partenariat entre la filiale de Saint-Gobain et différents professionnels du secteur du recyclage comme le SR-BTP (le Syndicat des recycleurs du BTP) et certains de ses membres comme Excoffier Recyclage.
75 000 tonnes de laines de verre
En France, ce sont 75 000 tonnes de laines de verre qui sont jetées chaque année, provenant de la déconstruction (90 %), mais aussi des chantiers de construction neuve (10 %).
« Cela ne représente que 0,2 % du total des déchets du bâtiment ou 0,75 % des déchets du second œuvre, mais la quantité sera multipliée par deux en 2030 », explique Dominica Lizarazu, directrice Marketing & Développement pour Isover France. L’offre Isover Recycling est initialement lancée dans deux régions : l’Ile-de-France, où elle s’adressera aux grands chantiers, et dans le Sud-Est, près de l’installation d’Orange, pour un marché plus diffus. « L’objectif à terme est de couvrir l’ensemble du territoire d’ici deux ans », souligne la directrice Marketing & Développement. L’industriel estime avoir les capacités de traiter l’ensemble des 75 000 tonnes de déchets français grâce à deux usines distinctes (Orange dans le Vaucluse et Chemillé en Anjou).
Nous reviendrons plus amplement et dans le détail sur ce sujet dans l’une de nos prochaines éditions.