Finalement ce sera Kroqi.fr. Annoncée sur Batimat en novembre dernier, la version finale de la plateforme de travail collaboratif gratuite de l’Etat a été dévoilée jeudi 29 mars par Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires. Elle fait partie des outils qui doivent rendre le Building Information Modeling (BIM) accessible à tous, en particulier aux TPE-PME.

« Nous avons fait le choix de miser sur l’incitation de tous les acteurs de la construction pour concrétiser une transition numérique inclusive du secteur vers une économie de l’innovation. Kroqi, co-élaborée par l’Etat avec l’ensemble de la filière, vise à nous doter d’outils qui répondent à la diversité des besoins et des usages depuis un artisan, une TPE/PME, jusqu’aux grands groupes et catalyse l’innovation numérique. La mobilisation et l’engagement de grands maîtres d’ouvrages sur des projets concrets, dès aujourd’hui, est essentiel à l’entraînement de tous et à notre compétitivité », a rappelé Julien Denormandie.

Une initiative qui fait suite à la signature de la charte « Objectif BIM 2022 » et qui ambitionne de faire de la conception en maquette numérique une généralité à horizon 2022. Car, si de plus en plus de professionnels du bâtiment franchissent le pas, la France a encore, comme ses voisins, du chemin à parcourir pour arriver à maturité. Le secrétaire d’Etat a ainsi insisté sur l’utilité et l’accès gratuit à cette plateforme conçue pour répondre à leurs besoins. « On a tous un rôle de démonstration de l’utilité du BIM(…). On n’arrivera à convaincre que par l’usage : une fois que vous l’avez testé, vous ne pouvez plus le quitter. C’est ça qu’il faut qu’on arrive à faire, et à nous de pousser au maximum la valeur ajoutée et l’intérêt du BIM pour que, plus encore, on l’utilise demain », a-t-il insisté.

Une première version réalisée par le CSTB

Proposée et financée par le PTNB (Plan Transition numérique dans le bâtiment), réalisée par le CSTB sous la direction de Julien Soula à partir de la plateforme Wimi, la première version de Kroqi.fr intègre une dizaine de fonctions comme la création et le suivi de projet, le partage d’une maquette numérique, le partage de tâches, la gestion des agendas ou des réunions. C’est un véritable espace de travail collaboratif simple d’accès où tous les intervenants se retrouvent, échangent et coconstruisent un bâtiment.

Deux professionnels qui ont testé la plateforme ont fait part de leur expérience. Pour Nicolas Chabrand, chef d’une entreprise de maçonnerie, qui a utilisé à la fois le vérificateur (« checker« ) et le visualisateur BIM (« viewer« ) : « Au moins, tout le monde voit la même chose sur la plateforme. Le travail est mieux fait, plus vite et moins cher. C’est un outil au service des entreprises qui peut être utilisé même uniquement en interne (BIM de niveau 1), dès le début des études. » De son côté, David Morales, artisan plaquiste, chargé du numérique à la Capeb, estime que la plateforme est « un outil fiable et de confiance, qui fait gagner du temps aux professionnels, notamment au moment de rédiger des devis ». Il reconnaît que c’est un atout pour les PME désirant mieux échanger et contrôler la qualité du travail réalisé. « Dommage qu’il n’y ait pas assez de projets mettant actuellement en œuvre le BIM », regrette-t-il. Les deux chefs d’entreprise ont assuré que les tablettes sont les outils parfaits pour favoriser l’adoption des nouveaux modes de travail collaboratifs au sein de leurs équipes.

Les éditeurs privés répondent présents

La seconde version de Kroqi.fr, à venir, prévoit un contrôle des composants de la maquette numérique et un service de téléformulaire pour créer automatiquement un document Cerfa de dépôt de permis de construire. Enfin, la plateforme, qui se veut accessible et partageable au format OpenBIM et IFC (Industry Foundation Classes), fonctionne déjà avec des applications d’éditeurs privés, comme celles d’Acca Software, BIM Data, Labéo, SeveUp ou WiseBIM. Une dizaine d’autres viennent d’être choisies pour les rejoindre rapidement, comme celles d’Archic, Atlibitum, Attestis, Bimeo, DatBIM, e-BTP, Quartus, Tamaplace et Ubat. A suivre donc.

Plus d’infos dans la prochaine édition du Bâtiment Artisanal.