C’est le rituel annuel : l’AQC a organisé son traditionnel rendez-vous sur les bonnes et mauvaises pratiques de construction observées dans le bâtiment. Fait majeur : cette année, des partenaires étrangers avaient fait le déplacement pour faire part de leurs retours d’expériences observés dans leurs pays respectifs (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie).

Plus de 138 milliards d’euros de chiffre d’affaires

Ce rendez-vous a été l’occasion de faire le point sur l’activité du bâtiment en France qui s’est située en 2017 à 138,4 milliards d’euros, un niveau légèrement supérieur au chiffre d’affaires annuel moyen observé en métropole depuis 2008 (32,7 % pour l’entretien-rénovation de logements, 28,7 % pour la construction de logements neufs, 23,5 % pour l’entretien-rénovation de locaux et 15,1 % pour les locaux neufs). Concernant les désordres, ils ont évolué différemment sur la période 2015-2017 : les défauts d’étanchéité à l’eau représentent 61 %, tandis que la sécurité d’utilisation se chiffre à 15 %.
Les autres manifestations (défaut esthétique, de fonctionnement…) baissent pour atteindre 10 % et les défauts de stabilité se tassent aussi pour se situer à 9 %. Les menuiseries pèsent pour 36 % dans la répartition des familles d’ouvrages concernées par les vices de matériau, produit ou procédé. Elles sont suivies par les « autres équipements » (17 %) puis par les charpentes/couvertures (14 %). S’agissant des défauts d’entretien ou d’utilisation de l’ouvrage, ce sont les « autres équipements » qui arrivent en tête de la répartition des principales catégories affectées (22 %), suivis par les équipements de génie climatique (19 %) et par les charpentes/couvertures (11 %).

Dispositif REX Bâtiments performants

Ce rendez-vous a été également l’occasion de présentations sur les enseignements tirés du Dispositif REX Bâtiments performants qui consiste à capitaliser des retours d’expériences en se basant sur l’audit in situ de bâtiments précurseurs allant au-delà des objectifs de performances énergétiques et environnementales réglementaires et sur l’interview des acteurs qui ont participé aux différentes phases de leur élaboration. Le partage des expériences capitalisées est au cœur du mode opératoire. Après une étape de consolidation et d’analyse des données, les enseignements tirés sont valorisés pour permettre l’apprentissage par l’erreur. Cette valorisation s’attache également à mettre en valeur les bonnes pratiques.

Plusieurs tendances émergent : pour améliorer la performance thermique du bâti ancien, il est primordial de désolidariser de la façade les murs de refend, cloisons et planchers. En outre, l’Observatoire de la qualité de la construction rappelle les bénéfices du bois, mais aussi sa fragilité. De là, la nécessité d’éviter la reprise d’humidité dans le matériau en phase chantier. Enfin, s’agissant des bâtiments avec des systèmes de pilotage, il est préconisé de procéder à une centralisation des commandes pour faciliter ce pilotage.

Des chantiers à la va-vite

Autre sujet de préoccupation abordé : celui des chantiers trop vite expédiés et qui présenteraient des désordres ou des sinistres après-coup ou de prix toujours plus tirés vers le bas. Des artisans et chefs d’entreprise soulignent ainsi l’intérêt de revenir à des chantiers dans un rayon plus proche de leur société. Même constat chez nos voisins européens (Allemagne, Grande-Bretagne et Italie) : souvent les désordres dans le bâtiment sont causés par un manque de compétences, des lacunes de supervision sur les chantiers et une exécution trop rapide. Avec ses partenaires en Europe et hors-Europe (Japon), l’AQC souhaite mettre en place des collaborations afin de collecter des données mutualisées pour proposer des solutions collégiales et en appelle à toujours plus de vigilance auprès de tous les acteurs de la filière et à toutes les étapes des processus de construction.